QUI FRAPPE AVEC LA GUERRE, GAGNE AVEC LA GUERRE
CHI DI GUERRA FERISCE, DI GUERRA… GUADAGNA!
Cette société de plus en plus envahissante et intrusive est désormais entièrement éclairée par le phare de la science, et elle suit, pas à pas, le chemin indiqué par celle-ci. Cette lumière n’est pas seulement néfaste, elle nous conduit vers un point de non-retour, vers un précipice mortel. Si ce constat est bien connu, il est aussi ponctuellement réitéré par les scientifiques et les politiques eux-mêmes. Dans un discours prononcé il y a quelques mois, l’ancien ministre de la Transition écologique, M. Cingolani, a déclaré que chaque « avancée » cause plus de problèmes qu’elle n’en résout, mais qu’il s’agit néanmoins d’un progrès et que nous devons donc aller de l’avant. Ce « aller de l’avant » se traduit par le modèle « vert ». Tout est ou doit devenir vert : économie verte, centrales nucléaires vertes, technologie verte à laquelle appartient la révolution numérique.
Il s’agit d’une autre transformation de la société, non plus politique comme au moment de la révolution française, ni économique comme dans les différents modèles capitalistes restrictifs, mais techno-scientifique. Les différents secteurs de l’économie capitaliste s’adaptent ou disparaissent et la politique exécute docilement les différentes impositions dictées par la science. La transformation actuelle a certainement profité de trois grandes opportunités qui se sont présentées à elle : le changement climatique, le covid-19 et la guerre en Ukraine.
– Le changement climatique, qui est au cœur de l’actualité, a conduit des millions de personnes à manifester et à attirer ainsi l’attention sur l’impact environnemental de notre société sur la planète. Étant donné que très peu d’entre eux sont réellement enclins à changer radicalement leur mode de vie, mais veulent profiter de tout le confort auquel ils sont habitués, leurs protestations sont déjà une arme émoussée dès le départ. Le système électrique a trouvé là une belle proposition pour se renouveler en initiant ce que l’on appelle la « transition écologique », qui consiste en une restructuration majeure de la manière de produire de l’énergie (sources renouvelables) et des produits de consommation plus « durables », c’est-à-dire ayant un impact moindre sur l’environnement, faisant ainsi d’une pierre trois coups.
LA PREMIÈRE politique : atténuer ainsi les protestations et faire comprendre que la voix des gouvernés compte pour les gouvernants ; on ne sait jamais si ceux-ci, malgré la paix sociale régnante, s’ils ne sont pas écoutés, ne vont pas sérieusement troubler le sommeil des patrons.
LA DEUXIÈME économie : une opportunité de profit pour les entreprises qui peuvent lancer de nouveaux produits sur le marché et, en apparaissant comme « respectueux » de l’environnement, attirer à elles une tranche de nouveaux consommateurs et donc de nouveaux revenus.
LE TROISIÈME scientifique : la possibilité d’expérimenter, de faire des recherches dans des domaines jusqu’alors inexplorés et d’accroître encore son influence sur les êtres vivants.
– Le Covid-19 a donné une forte impulsion à la science médicale qui, en faisant appel à la peur et au désir d’un retour à la « normalité », a en fait imposé la vaccination obligatoire sans attendre le temps de test nécessaire pour qu’un sérum soit « sûr » ; un test sur des milliards d’individus. Non seulement à la science médicale, mais aussi aux applications techniques permettant de suivre et de cataloguer toutes les personnes réfractaires au vaccin. Les différents laissez-passer et permis verts pour se déplacer ou travailler ne pourraient être efficaces sans un contrôle capillaire des individus, contrôle rendu possible par les appareils technologiques de plus en plus nouveaux et invasifs.
– La guerre est l’occasion par excellence pour le système de resserrer son étau car elle profite aux trois puissances qui pèsent sur nous en leur permettant d’agir en parfaite harmonie et synergie. Elle renforce l’État qui peut promulguer des lois spéciales, augmentant ainsi son contrôle sur ses citoyens. Elle renforce également le capital en augmentant la production de biens de consommation (d’armes dans une situation de conflit) puis, à long terme, un flot de bénéfices pour les entreprises impliquées dans la reconstruction des zones touchées (Bonomi, leader de Confidustria, s’est rendu à Kiev pour signer des accords de reconstruction avec Zelensky). Dans ce cas, l’appareil techno-scientifique peut travailler à l’expérimentation de toute nouvelle technologie pour gagner la guerre, c’est-à-dire de nouvelles armes de plus en plus sophistiquées et meurtrières, et en même temps, de nouveaux systèmes de contrôle social pour étouffer dans l’œuf toute protestation et/ou revendication. Toutes les guerres ont toujours apporté de tels « bénéfices », a fortiori ce dernier conflit en Ukraine, pour le simple fait qu’il est proche de nous.
RENVOYER LA GUERRE AU MONDE QUI LA PRODUIT
Il y a tant de sentiments et de désirs qui nous traversent, en tant qu’anarchistes* nous rendons ce tourbillon de sensations palpable par l’action directe, mais pour y arriver nous devons d’abord apporter la connaissance, la patience, la détermination, l’attention, les peurs et le courage. Ce sont toutes des caractéristiques qui n’appartiennent pas aux « spécialistes de l’action » mais à des millions d’individus, y compris les anarchistes
Maintenant qu’un nouveau conflit a éclaté à quelques kilomètres de chez nous, en tant qu’anarchistes, nous nous sommes demandés comment, d’ici, nous pourrions soutenir les populations ukrainiennes, russes mais aussi yéménites, palestiniennes, syriennes, iraniennes, kurdes et libyennes – pour n’en citer que quelques-unes – qui s’opposent aux guerres et à leurs propres États. La conviction de nos idées nous a poussés à nous attaquer aux structures qui servent de sève à la communication et imprègnent notre société mortifère.
Dans la nuit du 4 au 5 février, accompagnés d’une belle lune et avec Alfredo et son combat dans nos cœurs, nous avons saboté quelques antennes-relais sur le Mont Leco. Avec ce petit geste, nous répondons à l’appel international de solidarité avec Alfredo.
« Notre » gouvernement, et tous ceux qui l’ont précédé, ne sont pas différents des gouvernements ukrainien ou russe, comme tant d’autres, qui vendent des armes là-bas, sur les lieux de guerre, et utilisent les mêmes armes ici, chez eux, pour réprimer. Un État est un massacreur par excellence. L’État est l’emblème du massacre ; vous le voyez dans les guerres, dans les prisons, dans les casernes, aux frontières terrestres et maritimes, dans les hôpitaux, dans les rues et même dans votre propre maison. N’oublions pas l’extermination dans leur propre appartement des quatre révolutionnaires BR le 28 mars 1980 dans la Via Fracchia à Gênes, exécutée par les carabiniers du bourreau d’État Carlo Alberto Dalla Chiesa.
POINT D’ARRIVÉE
Après avoir saboté deux antennes-relais par le feu en juillet 2021 et incendié totalement un pylône en décembre de la même année, c’est avec cette dernière attaque que nous mettons fin à notre expérience en tant que groupe « Anarchistes pour la destruction de l’existant ». Nous ne nions pas que nos attentes étaient plus élevées, mais des difficultés pratiques et logistiques, ainsi qu’une touche d’inexpérience, nous ont amenés à accepter de mettre un terme à ce voyage court mais intense. Une loi physique stipule que « rien ne se crée, rien ne se détruit, tout se transforme ». Il en va de même pour notre tension anarchique, elle est là parce qu’elle est innée, et chacun-e d’entre nous choisira ce en quoi il se « transforme ». Cependant, nous sommes satisfaits, nous espérons avoir apporté une contribution avec les pratiques mises en œuvre et les analyses de nos textes. Notre phare a toujours été la propagande par le fait, notre sève les revendications des diverses individualités ou cellules à travers le monde, notre détermination cultivée par la solennité et la fermeté des textes des prisonniers anarchistes.
C’est aussi à partir de ces trois lignes directrices que naît cette attaque comme un geste minimal de solidarité internationaliste avec les peuples touchés par les guerres voulues par les patrons ; nous sabotons « notre » État, car « débrancher » signifie arrêter tout ce qui est nuisible à la terre et à tous les êtres vivants qui l’habitent.
POUR ALFREDO COSPITO PRISONNIER AU 41 BIS ET EN GRÈVE DE LA FAIM CONTRE LE 41 BIS ET LA PRISON À VIE DEPUIS 110 JOURS,
POUR IVAN ALOCCO QUI A FAIT DEUX GRÈVES DE LA FAIM EN SOLIDARITÉ AVEC ALFREDO, POUR LES PRISONNIERS JUAN SORROCHE ET ANNA BENIAMINO QUI ONT ÉGALEMENT SOUTENU ALFREDO AVEC UNE LONGUE GRÈVE DE LA FAIM.
POUR THANOS CHATZIANGELOU, UN PRISONNIER GREC QUI A MIS FIN À UNE GRÈVE DE LA FAIM ET DE LA SOIF CONTRE LE NOUVEAU CODE PÉNAL GREC.
POUR CLAUDIO LAVAZZA, POUR KOSTAS DIMALEXIS, POUR JUAN PIRCE, POUR MONICA CABALLERO, POUR LES COMPAGNON-NES* DE L’AFFAIRE SUSARON, POUR MARCELO VILLARROEL SEPULVEDA, POUR DAYVID CECCARELLI, POUR TOBY SHONE, POUR GIANNIS MICHAILIDIS, POUR GEORGIA VOULGARI, POUR POLA ROUPA, POUR FRANCISCO SOLAR, POUR DAVIDE DELOGU, POUR NIKOS MAZIOTIS, POUR TOUS LES PRISONNIERS ANARCHIQUES DU MONDE, POUR CEUX QUI FONT LA GRÈVE DE LA FAIM, POUR CEUX QUI SONT SOUS SURVEILLANCE SPÉCIALE, POUR CEUX QUI SONT DANS LA NATURE ET POUR CEUX QUI NE DÉMISSIONNENT PAS.
POUR CHAQUE COMBATTANT TOMBÉ DANS LA GUERRE SOCIALE.
POUR LA DESTRUCTION DES PRISONS ET DES CAGES !
POUR LE RENVERSEMENT DE LA SOCIÉTÉ TECHNO-INDUSTRIELLE !
POUR L’INTERNATIONALE NOIRE !
POUR L’ANARCHIE !
Anarchistes pour la destruction de l’existant
Traduit de inferno urbano