Depuis le 20 octobre, l’anarchiste Alfredo Cospito est en grève de la faim contre sa détention en isolement total sous la torture et contre l’emprisonnement sans liberté conditionnelle. D’autres compagnons détenus (Anna Beniamino, Ivan Alocco, Juan Sorrocho et Toby Shone), en signe de solidarité et pour donner de la force à la lutte d’Alfredo, ont également entamé une grève de la faim.
Alfredo a été en prison sans interruption pendant dix ans, passés dans des sections de haute sécurité jusqu’à son transfert au 41 bis. Le 41 bis est un régime carcéral d’annihilation, car il est conçu pour causer des dommages physiques et mentaux par la technique de la privation sensorielle ; c’est une condamnation à mort politique et sociale, visant à couper tout contact avec le monde extérieur.
Notre camarade a été transféré dans ces chambres de torture parce que, malgré son emprisonnement, il n’a jamais cessé de contribuer au débat anarchiste international par des articles, des projets éditoriaux et des propositions.
Le réexamen de la mesure 41 bis contre Alfredo est fixé au 1er décembre. Cette audience sera très importante car elle devra se prononcer sur la légitimité de la décision de la précédente ministre de la Justice Marta Cartabia d’appliquer le régime de prison 41 bis contre notre camarade.
Alfredo a été condamné, avec Anna Beniamino et d’autres anarchistes, dans le cadre du méga procès Scripta Manent, un procès visant à criminaliser les idées anarchistes et les pratiques hostiles à toute forme d’autorité et de domination. Plus précisément, Alfredo et Anna ont été accusés d’être responsables du double attentat à l’explosif contre la Scuola Allievi Carabinieri de Fossano, le 2 juin 2006, revendiqué par Rivolta Anonima et Tremenda / Federazione Anarchica Informale. Pour cet attentat, le 6 juillet, la Cour de cassation a reformulé la peine en « massacre politique ». La prison à vie est la seule peine prévue par le code pénal italien pour le massacre politique. Après avoir requalifié le crime, la Cour de cassation a renvoyé l’affaire devant la Cour d’appel pour qu’elle statue à nouveau sur les condamnations. L’audience qui décidera de l’étendue de ces peines est fixée au 5 décembre à Turin.
L’État italien, qui a toujours protégé la stratégie fasciste du meurtre de masse, veut maintenant condamner deux anarchistes pour un attentat à l’explosif qui n’a fait ni victime ni blessé.
Cette affaire s’inscrit dans le climat répressif de plus en plus sombre auquel nous devons tous faire face : c’est pourquoi la lutte d’Alfredo, Juan, Ivan, Anna et Toby est proche du cœur de ceux qui ne veulent pas se résigner à un monde qui est de plus en plus une prison à ciel ouvert.
Nous appelons à faire du 30 novembre (la veille du réexamen de la mesure 41 bis contre Alfredo), une journée d’action en solidarité avec Alfredo et les autres compagnons en grève de la faim.
Faisons-leur sentir notre solidarité qui brise l’isolement au-delà de toutes les frontières et de toutes les cages. Brisons le silence assourdissant dans lequel on veut enterrer notre camarade vivant. Donnons une voix à la lutte de nos compagnons par nos actions.
Faisons des symboles de l’oppression et de l’exploitation les cibles de nos actions. Les cibles sont partout. Chaque action est nécessaire : qu’il s’agisse de diffuser les idées des grèves de la faim anarchistes ou de saboter et perturber le fonctionnement normal de l’État et du capital. Visez l’État italien, allemand ou tout autre État et les symboles de la domination pour abolir le système carcéral !
Traduit de Abolition Media