Le vendredi 17 mars, lors du lancement de la présentation du volume collectif – hommage à l’œuvre d’Altiero Spinelli (« un visionnaire et l’un des grands ‘pères’ de l’unification européenne ») à l’Institut pédagogique italien de Patision – Athènes (de l’autre côté de la porte NTUA), une intervention politique de solidarité avec le camarade et gréviste de la faim, depuis le 20/10/22, Alfredo Cospito, a eu lieu.
Interrompant leur célébration civile, en présence de l’ambassadeur de l’État italien Patrizia Falcinelli et du président du Mouvement européen d’Italie Pier Virgilio Dastoli, le président du département d’études méditerranéennes de l’Université de la mer Égée S. Dalis, le vice-président du Parlement européen D. Papadimoulis et l’ancienne députée européenne K. Botopoulou, ainsi que d’autres exploiteurs de grandes entreprises et leurs hommes de main qui ont été séduits avant les élections dans les salons institutionnels, tels que l’ancien ministre et actuel député G. Katrougalos, nous avons ébranlé pour un temps l’image de leur supériorité dans leur domaine.
L’hypocrite « sensibilité » des politiciens et universitaires démocratiques bourgeois d’Europe pour les droits et le fédéralisme (des économies et du capital), à l’image médiatique de 2016, quand Renzi, Merkel et Hollande se sont recueillis sur la tombe de Spinelli (en faveur des fondements de l’unité européenne), a été contrainte de se taire pour entendre le discours du gréviste de la faim anarchiste Alfredo Cospito et la lutte contre le 41bis et contre la prison. Des slogans ont été entendus, des tracts ont été lancés et nous avons fait comprendre aux représentants actuels de l’ancien gouvernement que nous n’oublions pas l’adoption du nouveau code pénal et la voie qu’il a ouverte à la condition d’incarcération ici. Nos luttes ne connaissent pas de frontières.
Le roi était, est et sera nu : nous ne nous faisons pas d’illusions. L’État et ses employés assassinent Alfredo Cospito. C’était leur but depuis le début. Et les derniers grains de sable dans le sablier de la vie de nos compagnons construisent notre propre complicité dans sa lutte et ébranlent les fondations des palais du Roi.
Voici le texte qui a été lu :
Aujourd’hui, dans cette salle, vous entendrez des gens parler de la grandeur de notre démocratie, de la qualité de l’État qui en découle. Vous entendrez des gens parler d’Altiero Spinelli et de sa contribution à la création de l’Union européenne. Spinelli a été emprisonné pendant le régime fasciste italien, mais il a pu écrire et exprimer son opinion depuis la prison. Aujourd’hui, dans l’Italie démocratique, les prisonniers politiques sont torturés et réduits au silence pour leurs idées. Nous parlons du compagnon Alfredo Cospito, qui est en grève de la faim depuis 5 mois pour lutter contre le régime carcéral 41bis, qui est une forme de torture légalisée. Il ne peut pas lire, il ne peut avoir aucune forme de communication, il ne peut pas voir le ciel ni toucher l’herbe. Il ne peut pas garder une photo de ses parents dans la petite cellule où il est enfermé, il ne peut voir que 4 personnes par heure et par jour. Contre cette forme de torture et contre cette « non-vie », Alfredo choisit de se battre jusqu’à son dernier souffle avec la seule arme dont il dispose, son corps. Grâce à son courage et à sa détermination, de nombreux camarades rejoignent la lutte contre le 41bis et contre la prison. C’est pourquoi nous sommes également ici.
Pour tenter de relier l’État italien à l’État grec et aux conséquences des politiques du capital local et international, il convient de mentionner ce qui suit : Alfredo Cospito a été accusé et condamné pour avoir revendiqué l’attentat contre le PDG de la société Ansaldo Nucleare, en 2012 à Gênes. Le premier contrat (des trois contractants pour les différentes sections de l’axe central Athènes-Thessalonique-Promahonas) de 2007 concernait l’équipement des trains avec le système ETCS : l’équipement a été attribué à la société italienne Ansaldo (rachetée par la suite par le colosse japonais Hitachi) avec un budget initial de 25 millions d’euros. Le projet, après de nombreux retards et prolongations, a finalement été achevé à la mi-2018 et après que deux dépréciations d’objet physique et d’argent aient été imposées au contrat, Ansaldo n’ayant pas respecté ses obligations contractuelles. Après douleurs et souffrances, donc, l’entreprise italienne équipe 88 des 114 trains qu’elle avait entrepris pour 21 millions d’euros. Cependant, ces systèmes restent également inactifs car ils sont assemblés à la fin de l’installation et sur les lignes. En conséquence, nous déplorons aujourd’hui des dizaines de morts dans le meurtre prémédité de Tempi.
En d’autres termes, Ansaldo (Nucleare) est essentiellement coresponsable des défauts d’équipement mortels du système européen ETCS du réseau ferroviaire grec qui ont conduit, entre autres, au meurtre capitaliste et étatique de Tempi.
Qui est le criminel en fin de compte ? Quelle est la valeur réelle de nos vies ? Combien devons-nous crier pour dire l’évidence : pour les États et le capital, nous sommes des objets jetables, que ce soit dans les structures d’enfermement ou à l’extérieur de celles-ci ?
La lutte de l’anarchiste Alfredo Cospito et de tous les humains libres du monde entier démontre l’hypocrisie des maîtres du monde et revendique un autre monde pour l’humanité. Un monde où le respect de la dignité, la solidarité et la liberté ne sont pas des mots sur des parchemins poussiéreux mais un mode de vie.
Assemblée ouverte en solidarité avec Alfredo Cospito
Traduit d’indy athenes