Nous recevons et diffusons volontiers ce texte utile, qui retrace les différentes étapes qui ont conduit et maintenu Alfredo dans le 41bis et indique les responsables. Nous en profitons pour ajouter un aspect manquant, signe du peu de nouvelles facheuses qui circulent. Selon ce que Luigi Manconi a dit lors d’une initiative à Rome (voir : https://contropiano.org/news/politica-news/2023/02/08/cospito-con-i-boss-lha-deciso-il-ministero-di-delmastro-0157088), c’est le DAP lui-même (dont Andrea Del Mastro a la délégation en tant que sous-secrétaire à la Justice) qui a créé la situation qui a permis le spectacle médiatique sur ‘Cospito influenceur de la mafia’ et ‘l’alliance anarchistes-mafiosi’, à partir du célèbre discours à la Chambre des Députés de l’immonde Donzelli. En effet, à partir du 1er janvier 2023, la DAP a « étrangement » décidé qu’Alfredo ne devait plus passer ses quelques heures de vie sociale avec les détenus précédents, classés « à faible dangerosité » (et qui n’étaient donc pas des chefs), mais avec le chef mafieux Di Maio, le chef mafieux-fasciste Rampulla (ex-Ordine Nuovo) et le tueur de la ‘ndrangheta Presta. Del Mastro a donc commencé par planter le décor, puis il a attendu que les gardes de la GOM recueillent quelques mots d’encouragement entre Alfredo et ses nouveaux compagnons sociaux, et enfin il a passé les papiers de la GOM à son « colocataire italien »… qui a fait le reste. Une affaire qui, si elle n’apporte rien de nouveau à ce que l’on sait déjà (alors que la classe dirigeante ourdit des complots en cycle continu, elle a ensuite le culot d’appeler ceux qui les dénoncent des « conspirateurs » !), réaffirme combien la lutte d’Alfredo est capable de mettre en difficulté l’État et le gouvernement actuel, réduit à mal fermer l’étable alors que les bœufs se sont déjà enfuis depuis des mois.
Et comment que nous nous en souviendrons ! Sur le 41 bis infligé à Alfredo Cospito : qui est responsable.
Initiative au Circolo Anarchico ‘La Faglia’ (Foligno, 23 février 2023)
Ces derniers jours, une campagne médiatique de mystifications et de mensonges s’est déroulée autour de la grève de la faim qu’Alfredo Cospito mène jusqu’à son dernier souffle contre l’emprisonnement à vie incompressible et les 41 bis. Nous avons tout entendu. La première ministre Giorgia Meloni, avec son habituelle victimisation, est allée jusqu’à soupçonner des complots sur la coïncidence du début de la grève de la faim avec la naissance de son gouvernement. En vérité, puisque toute communication est interdite dans le 41 bis, il semble évident de rappeler qu’Alfredo a communiqué le début de sa lutte à la première occasion dont il disposait, lors d’une audience au tribunal de Sassari. Des déclarations que, d’ailleurs, personne n’a encore été capable de lire, après presque quatre mois. Les médias bourgeois nous martèlent chaque jour avec les dernières paroles des condamnés à mort de leurs régimes exotiques ennemis, par exemple en Iran, mais ils déforment complètement la réalité lorsqu’en Italie, un anarchiste délibérément laissé pour mort en prison se voit refuser même la dernière parole.
Un autre mensonge qui circule est celui d’une alliance fantôme entre les anarchistes et la mafia, déduite des écoutes téléphoniques entre Alfredo et les trois seules personnes qu’il est autorisé à voir lors de la promenade en prison. L’Etat, qui a décidé pour la première fois d’enfermer un anarchiste dans le 41 bis, instrumentalise maintenant le fait que cet anarchiste s’adresse aux seuls êtres humains qu’il est autorisé à rencontrer. Des groupes sociaux qui, soit dit en passant, sont décidés de manière centralisée par le ministère à Rome ! En vérité, c’est avec la création de la DNAA (Direzione Nazionale Antimafia e Antiterrorismo) que l’État a voulu mettre en place une machine de guerre contre l’insurrection révolutionnaire, une machine qui avait pour armes les instruments exceptionnels jusqu’alors réservés aux anti-mafia. Nous assistons à un renversement complet des faits : ceux qui ont fusionné des réalités complètement différentes dans les bureaucraties des administrations judiciaires et pénitentiaires crient maintenant à la « soudure ».
De même, nous sommes consternés lorsque nous entendons le Premier ministre Giorgia Meloni affirmer à nouveau qu’elle ne négociera pas avec les anarchistes. Et pas seulement parce que tout le monde en Italie sait que l’État ne négocie qu’avec la mafia. De telles déclarations montrent que les membres du gouvernement ont complètement perdu le contact avec la réalité. Ce sont les anarchistes qui, depuis toujours, n’ont jamais voulu négocier avec les institutions. Des anarchistes qui, comme on le sait, n’ont pas de leaders, pas d’ambassadeurs, pas d’interlocuteurs reconnus. Ils n’ont donc vraiment rien à négocier. La conflictualité anarchiste ne naît pas de l’instigation d’un « leader » en prison et ne se modère pas en échange de la survie d’un camarade pris en otage par les bourreaux de la répression. Notre conflit naît d’une haine de classe viscérale alimentée chaque jour, non par des sophismes politiques, mais par l’exploitation, le chantage, la misère et les injustices de cette société. Le 41 bis devait être un avertissement aux anarchistes, il ne l’a pas été !
Dans cette montagne de falsifications, il en est une qui nous concerne de près. Le ministre Nordio, dans sa décision de rejeter la demande de révocation du 41 bis à l’égard d’Alfredo, a cité l’opération Sibilla, rappelant » que la Cour de cassation, par un arrêt du 22 juin 2022, a annulé avec renvoi l’ordonnance du tribunal de Pérouse agissant en qualité de juge de réexamen qui n’avait pas reconnu la récurrence des éléments constitutifs du crime prévu à l’article 414 du code pénal à l’encontre d’Alfredo Cospito « . Le fait que Nordio considérait la cassation de Sibilla comme un élément défavorable à Alfredo avait en revanche été anticipé par certains journaux du régime quelques jours auparavant (en particulier « la Nazione », « il Giornale » et « l’Avvenire »).
Même dans ce qui restera dans les mémoires comme la condamnation à mort d’Alfredo Cospito, le ministre Nordio confond et omet des faits extrêmement importants. Nous rappelons que l’opération Sibilla a consisté en un raid des ROS des carabiniers aux premières heures du 11 novembre 2021, ordonné par le parquet de Pérouse et visant à fermer le journal anarchiste « Vetriolo », les sites de contre-information « Malacoda » et « Roundrobin », ainsi qu’à arrêter plusieurs camarades anarchistes, dont Alfredo Cospito lui-même. Au terme de plus de cinq ans d’enquêtes, menées par les parquets de Milan et de Pérouse, l’opération Sibilla a fait ses premiers pas de manière maladroite dès le départ : sur les huit assignations à résidence initialement demandées par la procureure de Pérouse Manuela Comodi et son supérieur Raffaele Cantone, le GIP a accordé quatre assignations à résidence avec obligation de signer trois fois par semaine, une assignation à résidence pour un camarade de Spoleto et un mandat de dépôt pour Alfredo Cospito. Après cinq semaines, le peu qui restait de l’enquête s’est effondré de manière désastreuse et toutes les mesures ont été annulées. Mais entre-temps, avec un tour de passe-passe typique des jongleurs dont est composée la justice italienne, ces papiers ont été récupérés dans la poubelle par le parquet de Turin et l’antimafia, si bien nettoyés qu’ils ont été utilisés pour demander et obtenir le transfert d’Alfredo Cospito au 41 bis.
Il est donc évident que l’enquête moribonde de Pérouse devait survivre pour que subsiste un faible soutien au 41 bis dans lequel il fallait anéantir notre camarade. Nous en arrivons ainsi à la phrase de la Cour de cassation citée par Nordio. Une sentence singulière, qui va au-delà de la demande même du Procureur Général (qui s’était exprimé pour la confirmation de la sentence de libération précédente) et qui est évidemment le résultat de sollicitations particulières. De tout cela Nordio ne parle pas, pour justifier la mort d’un prisonnier une extrapolation fugace suffit au ministre.
C’est le procureur général de Pérouse, Raffaele Cantone, qui a rappelé, lors d’une audition devant la « commission justice » du Sénat le 31 janvier, le rôle joué par son enquête dans cette affaire. C’est précisément cet épisode qui semble susceptible de provoquer un nouveau débordement judiciaire. En effet, nous apprenons par la presse locale que nous avons été dénoncés pour avoir publié sur notre canal telegram la nouvelle de l’ANSA « Cantone, 41 bis Cospito né de l’enquête de Pérouse » avec le commentaire « Nous nous en souviendrons ». Visiblement, le parquet de Pérouse est agacé non seulement par nos idées, mais aussi par nos souvenirs.
Nous sommes désolés pour les magistrats de Pérouse, mais la mémoire des anarchistes est notoirement prodigue. Pour ne pas oublier qu’il y a des responsabilités dans cette affaire aussi dans les centres répressifs de notre territoire, nous invitons tou-tes les solidaires à un après-midi où nous nous réunirons pour défendre nos écrits, nos espaces et en solidarité avec Alfredo Cospito à la veille de la Cassation appelée à dire le dernier mot, s’il n’est pas trop tard, sur la mesure 41 bis.
FOLIGNO – JEUDI 23 FÉVRIER
JARDINS DE LA VIA MONTE BIANCO (À CÔTÉ DU CLUB ANARCHISTE « LA FAGLIA »)
DE 16 HEURES À 18 H 30.
● EXPOSITION ‘LA CANTONATA’ AVEC LES TEXTES QUE L’ENQUÊTE SIBILLA VOULAIT FAIRE DISPARAÎTRE.
● DISCOURS ET ASSEMBLÉE DE SOUTIEN AU COMBAT D’ALFREDO COSPITO CONTRE LE 41 BIS ET L’EMPRISONNEMENT À VIE HOSTILE.
À SUIVRE : APÉRITIF DE SOUTIEN AU BIMENSUEL ANARCHISTE BEZMOTIVNY.
CERCLE ANARCHISTE ‘LA FAGLIA’
– t.me/circoloanarchicolafaglia – circoloanarchicolafaglia@inventati.org
traduit de ilrovescio