Naples – Contre les cages de l’État et du patriarcat – Texte distribué lors d’une marche de solidarité

Le dimanche 15 janvier à Naples, plusieurs dizaines d’individus anarchistes et transféministes ont improvisé une manifestation à travers les principales rues commerçantes, bondées par la foule des soldes, en solidarité avec Alfredo, maintenant presque trois mois dans sa grève de la faim, et tous les prisonnier-es en lutte, contre le 41bis, la perpétuité et les prisons. Se rappeler que la lutte du compagnon est la lutte de tout-es et que la lutte pour la liberté contre une société oppressive n’a rien à voir avec les indignations démocratiques hypocrites. L’État est responsable de chaque personne qu’il enferme dans ses cages. Tant que celles-ci existent, pas de paix pour leurs villes vitrines. Mort à l’État et au patriarcat

Vous trouverez ci-dessous le texte du tract distribué lors de la manifestation :

Contre les cages de l’Etat et du patriarcat

En tant que féministes, nous connaissons le visage patriarcal et violent de l’État, dont l’une des expressions les plus extrêmes est la torture du 41bis.

Les régimes différenciés et les prisons spéciales ont en fait pour objectif la privation sensorielle et la dépersonnalisation du détenu-es.

Nous, femmes, lesbiennes, pédés, trans* et personnes non binaires, connaissons bien la discipline et l’oppression qui passent par les corps. Lorsque nous refusons d’adhérer aux normes de genre et à l’hétéro-patriarcat, nous sommes enfermé-es et stigmatisé-es comme fous/folles. La prison est la punition pour celleux qui désobéissent aux règles de ce système, à son ordre, car tout corps dissident hors du genre est remis sur les rails. Chaque femme, lesbienne, queer, trans* et personne non-binaire est ramenée à son devoir, tête basse devant son père, son maître, son mari, l’État.

La stratégie de l’État consiste à retirer à ceux qui rejettent l’ordre imposé tout ce qu’ils ont : la liberté, les relations, la possibilité d’agir et d’être. Dans une situation d’isolement carcéral extrême, la seule arme qui reste est le corps. C’est ce qu’Alfredo a choisi de faire depuis plus de 80 jours, en menant une grève de la faim jusqu’à l’extrême. Il a été rejoint au cours des deux derniers mois par plusieurs compagnons – Juan, Ivan, Anna. Pour les juges et les journalistes, pour qui un monde sans hiérarchie est inconcevable, Alfredo serait le « chef d’une organisation ». Ils ne pourront jamais comprendre que, pour les anarchistes, les chefs, les structures et les hiérarchies ne peuvent exister. D’autre part, ils oublient la compagnonne Anna, emprisonnée pour la même opération répressive, qui avec Alfredo et les compagnon-nes anarchistes poursuivent cette lutte depuis toujours. La force de leur résistance résonne en de nombreux endroits et transforme la colère en action.

Nous voulons que notre solidarité passe à travers ces barreaux détestés et atteigne Alfredo et tous ceux qui sont en prison, car nous croyons que la poussée vers la liberté est contagieuse et peut résonner plus fort que leur autorité.

Nous connaissons l’importance de la solidarité directe et active, car en tant que féministes, nous n’avons aucune confiance dans l’État et sa justice. Les magistrats, les inspecteurs, les gardiens de prison et les violeurs nous criminalisent au pire lorsque nous nous auto-défendons ou que nous échappons aux normes de genre qui nous sont imposées. Au mieux, ils nous traitent avec paternalisme, prétendant qu’ils doivent nous défendre. Nous rejetons toute délégitimation et tout paternalisme qui, lorsqu’il ne nous considère pas comme passifs et victimes, nous montre du doigt.

En tant que féministes anarchistes, nous nous reconnaissons dans une lutte contre le 41bis et l’emprisonnement à vie, car une opération répressive de cette ampleur est un avertissement clair pour quiconque mène des idées et des pratiques anarchistes. Alfredo n’est pas le premier camarade soumis à ce régime, nous nous souvenons de quatre autres camarades qui ont été dans le 41bis pendant presque vingt ans. Parmi eux, deux camarades, Diana Blefari, morte aux mains de l’État, et Nadia Lioce, qui lutte depuis des années contre ce régime de torture.

En tant qu’identités sexuelles et de genre dissidentes, nous nous joignons à la lutte d’Alfredo et de tous les autres compagnons contre le 41bis, un régime dont on ne peut d’ailleurs sortir que par l’abjuration. Chaque jour, on nous demande de nous renier pour nous adapter à une norme qui voudrait que nous soyons domestiqués et pacifiés. Refusant tout compromis avec l’Etat et la justice, nous reconnaissons la lutte contre le 41bis et toutes les formes de détention comme notre combat.

Liberté pour tou-tes

Feu aux prisons

Traduit de Inferno Urbano

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