Berlin – Le parking d’amazon part en fumée

Traduit de l’allemand de Sozialer Zorn, 16 janvier 2023

[La nuit du 16 janvier vers 3h40 dans le quartier de Berlin-Tempelhof, près de 25 camionnettes de livraison de l’entreprise Amazon ont flambé sur son parking situé le long de l’autoroute A100 : 18 ont été entièrement calcinées, et 7 de plus ont été endommagées par les flammes. Voici une traduction de la revendication de cette attaque signée « Des anarchistEs ».]


Aux premières heures du 16 janvier 2023, nous nous sommes frayés un accès sur un site bien sécurisé de la rue Germaniastraße, dans le quartier de Berlin-Tempelhof, et nous avons retiré de la circulation 25 véhicules Amazon-Prime à l’aide de dispositifs incendiaires. Un feu de solidarité avec les occupant-e-s à Lützerath et les prisonnier-e-s en grève de la faim.

La frénésie de consommation du Black Friday et les ventes lucratives de Noël sont passés. L’amour de son prochain et le peu de recueillement érigés en devoir laissent de nouveau la place à l’habituelle routine du quotidien. On joue à nouveau des coudes, pour tenir dans la lutte concurrentielle de la société actuelle. Malgré l’inflation et l’augmentation du coût de la vie, la course aux marchandises et le pillage de la planète et de ses ressources se poursuivent imperturbablement en cette nouvelle année, remplissant les caisses des profiteureuses de guerre du commerce en ligne. Par sa position de monopole et un vaste modèle économique, Amazon s’est révélé depuis longtemps être un facteur de dépendance pour beaucoup. Mais ce groupe est bien plus qu’un simple fournisseur de produits à bas prix.

Tes pensées et sentiments valent de l’or

Les développements technologiques de ce géant de l’informatique indiquent l’avenir sombre d’une société dystopique de surveillance et de contrôle. En tant que force motrice dans l’établissement du capitalisme numérique, Amazon ne modifie pas seulement l’économie de manière durable, mais aussi le quotidien, le comportement social et même nos modes de pensée. Les intelligences artificielles et les algorithmes sont en mesure de piloter et de manipuler les besoins. Les calculs qui en découlent façonnent dès aujourd’hui ce qui fera de l’argent demain. Avec une large palette de produits et d’infrastructures technologiques (serveurs), cette entreprise s’impose dans toujours plus d’aspects de la vie pour satisfaire son insatiable soif de données. Que ce soit par le logiciel de surveillance Amazon-Ring, qui veille comme un œil tout puissant sur les propriétés des riches et qui – désormais aussi intégré dans des véhicules dès la construction– soumet l’environnement à un contrôle permanent. Par l’assistance vocale Alexa qui, en tant qu’oreille de l’IA, se tient à l’affût dans les salons et les chambres à coucher et assiste même aux moments les plus intimes. Par les programmes de reconnaissance faciale et les capteurs censés interpréter les sentiments et diriger les client-e-s à travers les magasins en libre service Amazon-Go. Ou avec une multitude de développements dans les domaines de la santé et de la biotechnologie, afin de capturer tout ce qui est physique et de le décomposer en chiffres. Amazon sait que celui qui dispose de grandes quantités d’informations et de données et qui peut traduire le présent en dimensions mathématiques, a aussi le pouvoir d’influencer l’avenir pour son propre profit.

Sur le worldwideweb concernant le site de Berlin

La responsabilité du maintien de l’ordre social est certes beaucoup plus diffuse, pourtant ce groupe, avec quelques autres géants de la Tech, joue un rôle très particulier dans le réagencement du monde par la smartification. L’intervention dans de nombreux domaines nos vies est déjà beaucoup plus grande que ce que nous croyons. Elle ne se limite pas uniquement à celles et ceux qui ont déjà volontairement remplacé leurs ami-e-s par Alexa, qui servent une économie à la demande hautement connectée en achetant des produits Prime, ou qui s’abrutissent en achats sur les plate-formes du commerce en ligne sur le dos de travailleur-euse-s aux conditions précaires. Sur Internet, il est désormais presque impossible de passer à côté d’Amazon. Et pour qu’il en soit bientôt de même dans l’espace physique, Jeff Bezoz est en train de planter une tour dépassant toutes les autres en hauteur au milieu de Berlin. Avec ses 140 mètres de haut, c’est un symbole sans équivoque de la revendication de pouvoir blanc-patriarcal d’une crapule égomaniaque. En outre, la construction de cette Tower aura des conséquences profondes pour les quartiers alentours. L’arrivée de milliers d’employé-e-s de l’informatique d’Amazon viendra alimenter la spirale des prix sur le marché du logement et poursuivre et accélérer des processus d’éviction. Comme toujours, ce seront les exclu-e-s qui en porteront le poids, eux et elles qui ressentent déjà le plus fortement la pression financière due à l’augmentation des coûts. Ce n’est donc qu’une maigre consolation que des plus hauts étages de cette tour qui s’élève de manière si éhontée, on aurait pu sans problème s’émerveiller de la combustion du parc automobile d’Amazon à l’autre bout de la ville.

Amazon passe sur des cadavres

Le fait que la Amazon-EDGE-Tower soit prétendument construite avec des matériaux durables peut faire bien au niveau marketing, mais cela n’en rend pas le tout meilleur. Au contraire, cela masque les conséquences climatiques de la fabrication et de l’exploitation de milliers et milliers de serveurs, ainsi que le caractère désastreux du commerce en ligne et de l’adhésion à l’idée de consommation de masse face à la crise écologique. Si une grande entreprise telle qu’Amazon fait de la pub pour le développement durable, ça n’est sûrement pas parce qu’elle reconnaît les conséquences de ses activités, mais par calcul affairiste pur et dur. Le label de protection du climat permet désormais d’engranger de bons profits. Ce faisant, on ne mentionne pas que le complexe techno-industriel s’est avant tout développé par le biais d’innombrables crimes contre l’humain et la nature, dont découlent les crises actuelles. Seule sa destruction totale, au moyen de la violence libératrice nécessaire, pourra y mettre un terme.
Enfin, la smartification, le contrôle et la surveillance concernent au premier chef aussi les employés malmenés des centres de distribution d’Amazon, qui, contrairement à leurs collègues informaticiens bien formés, doivent fournir des performances maximales contre de mauvais salaires et dans des conditions de travail misérables. Même lorsque l’un-e d’entre eux en meurt, cette entreprise de merde n’a même pas la décence d’accorder à ses collègues une pause pour s’arrêter un moment et souffler un peu, comme ça s’est passé récemment à Leipzig. Ce feu est aussi pour vous !

Pour l’anarchiste Alfredo Cospito qui, à l’isolement, est en grève de la faim et en lutte contre le régime 41bis en Italie depuis 89 jours.
Pour Thanos Chatziangelou qui se bat pour sa dignité dans les geôles de Grèce.
Pour Ivan, en grève de la faim en France et pour les 11 prisonniers de Turquie qui sont en grève de la faim dans les taules grecques.

En lien avec les occupant-e-s de Lützerath.
Contre l’avancée du pillage de la planète – Attaquer le complexe techno-industriel.
Liberté pour tous les prisonniers !

Quelques anarchistEs

Traduit par Sansnom d’Sozialer Zorn

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