Déclaration de Dayvid en solidarité avec Alfredo

Nous recevons et diffusons la déclaration lue par Dayvid dans la salle du tribunal de Milan le 2/12/2022, lors de l’audience du procès « Rompere il silenzio », et donnée comme raison pour ne pas revenir de promenade pendant une heure à la prison de San Vittore, en solidarité avec Alfredo.

« La raison pour laquelle j’ai choisi d’être dans cette salle d’audience et d’assister à cette audience aujourd’hui est la même. J’ai décidé d’être ici et d’utiliser ce moyen, la déclaration spontanée, car c’est l’un des rares que ma condition de prisonnier me laisse. Je veux l’utiliser pour exprimer ma colère face à une situation que vous, les hommes et les femmes de la Cour, devriez connaître. Je fais référence à la condition de détention du compagnon Alfredo Cospito qui est soumis au régime du 41 bis depuis le 25 mai. Permettez-moi de formuler une hypothèse : l’acte qui a conduit Alfredo en prison et qu’il a lui-même revendiqué devant le tribunal est la mise à genoux de l’administrateur délégué d’Ansaldo Nucleare, Roberto Adinolfi, à la suite de la catastrophe atomique et du massacre qui en a résulté à la centrale de Fukushima.
C’est pourquoi, à mon avis, cet acte fait légitimement partie de toutes ces lumières qui ont éclairé le chemin de nombreuses personnes exploitées et rebelles, dont je fais partie, depuis plus d’un siècle. C’est l’anarchie de l’action et pour cela elle ne peut que trouver toute ma complicité et ma solidarité. Pour en venir à une époque plus récente, le fait qu’Alfredo, malgré ses années de prison, n’ait jamais courbé l’échine et ait toujours, avec une constance enviable, mené ses luttes publiquement, a aggravé son régime de détention jusqu’à l’expression maximale de torture psychologique et sensorielle que notre système juridique prévoit : le 41 bis. Un régime auquel il s’est opposé en décidant depuis le 20 octobre de mener une grève de la faim à l’extrême. Je ne veux pas perdre de temps ici à demander de l’humanité ou à énumérer les immenses restrictions que cette détention entraîne. Comme l’a écrit Machiavel, tout État, qu’il soit monarchique ou républicain, fonde son opulence, sa richesse et sa force sur le crime. Pour moi, une personne simple qui
essaie de vivre en anarchiste, il est impensable de demander justice à cette dernière ou à l’un de ses représentants, mais toute action visant à augmenter la force de la lutte d’Alfredo contre le 41 bis peut le rapprocher du besoin qui lui est le plus proche et qui nous est le plus cher : le voir en bonne santé et en contact avec ses affinités.
Pour le déclassement d’Alfredo
Pour la fin des cages physiques et mentales qui rendent possible l’exploitation de l’homme sur l’homme et de l’homme sur la nature.
Pour l’anarchie ».

Dayvid

Traduit de Il Rovescio

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A toute heure. Sur les derniers mois de mobilisation

Note D’il rovescio :

Nous recevons et publions avec plaisir cette contribution écrite par des camarades de Rome sur la grève d’Alfredo, sur l’histoire dans laquelle elle s’insère, sur le front de lutte qu’elle a déjà déterminé et sur les perspectives qu’elle pourrait ouvrir. Bien que nous partagions à la fois l’invitation à un débat à plusieurs voix et une grande partie du raisonnement qu’elle contient, nous nous limitons ici à une seule annotation critique – un ajout. La contribution souligne à juste titre le rôle joué par le communiqué des avocats pour faire connaître le combat d’Alfredo et l’abomination du 41 bis – un aspect qui faisait défaut au texte Lo Stato è debole (L’État est faible), pourtant fort appréciable. Il n’est pas facile pour les médias d’ignorer un communiqué d’avocats qui atteint plus de deux cents signatures en quelques semaines. Ce trou dans le mur du silence n’était ni un cadeau du destin ni un simple reflet des nombreuses initiatives et actions de solidarité. C’était le résultat d’un engagement précis de la part de nos avocats. Non seulement les arguments, mais aussi la langue dans laquelle il a été écrit ont fourni l’inspiration et la matière pour les différents cris au sein du monde bourgeois, et seulement ensuite ( !) en partie du monde antagoniste. Des pratiques astucieuses d’agitation (occupation d’Amnesty et de grues) ont soutenu la fissure de manière indépendante ; l’action directe internationale et internationaliste y a mis tout son poids d’irrécupérabilité. Mettant sur la balance l’opportunité de saisir les enjeux, la persuasion de l’idée et le courage de l’action, le mouvement anarchiste a vu des fruits utiles tomber de l’arbre réformiste-démocratique sans secouer directement la plante.

Une fois la déclassification d’Alfredo réalisée, il sera aussi nécessaire que précieux de réfléchir en profondeur aux forces et aux limites de ce qui a émergé dans cette très importante bataille.

A toute heure
Quelques réflexions sur les derniers mois de mobilisation

Je crois certainement que lorsque les autres ne nous enseignent pas, c’est la nécessité qui nous enseigne. Vous voyez toute cette ville pleine de regrets et de haine contre nous : les citoyens se serrent les coudes, la Signoria est toujours avec les magistrats : vous croyez que des pièges sont tissés pour nous, et que de nouvelles forces contre nos têtes se préparent. Nous devons donc chercher deux choses et avoir deux buts dans nos délibérations : l’un, que nous ne soyons pas punis pour les choses que nous faisons dans les jours à venir, et l’autre, que nous vivions avec plus de liberté et plus de satisfaction que par le passé.

Niccolò Machiavelli, Histoires florentines

Nous écrivons ces réflexions presque quatre-vingt-dix jours après le début de la grève de la faim d’Alfredo, des jours de lutte autant que de rage. Nous pensons qu’il est important d’écrire et de se confronter à la mobilisation en cours, pour continuer à lutter avec plus de lucidité et de détermination, et pour cette raison nous lisons avec intérêt tous ceux qui veulent participer au débat.

Nous réfléchissons principalement sur le mouvement anarchiste, mais nous pensons que si le débat (et la lutte) avait une plus grande pluralité, il serait aussi simplement meilleur. Le raisonnement que nous allons essayer de faire ici concerne aussi bien les mobilisations de solidarité avec la lutte d’Alfredo que ceux qui, avec plus de tête et de cœur, ont fait plus.
L’État est en difficulté, mais pas parce qu’il craint les anarchistes pour la force qu’ils sont capables d’exprimer aujourd’hui, mais plutôt pour la force qu’ils pourraient déclencher ou alimenter. Les anarchistes d’aujourd’hui ne représentent pas un danger pour l’État, pas plus que les attentats des cinq ou six dernières années ne représentaient un danger en soi. Ce que nous croyons être un danger pour l’État, et dont on a pleinement conscience, ce ne sont pas tant les anarchistes que ce qu’ils représentent en perspective, et pour nous c’est vers cela qu’il faut tourner notre regard.

Ces dernières années, le mouvement anarchiste a été le seul – ou l’un des rares – à préserver l’attaque comme une pratique légitime, à identifier dans l’État un ennemi quotidien avec lequel il ne faut pas composer, la critique révolutionnaire comme une rupture constante. Si ces choix, dans leurs particularités, ont pu être plus ou moins stratégiques, plus ou moins agréables, ils ont signifié, à la lumière des faits, la préservation d’une intégrité révolutionnaire, d’une mémoire conflictuelle, donc d’une force. D’une part, l’exercice continu de cette force, représentée par des pratiques conflictuelles, a certainement pesé lourd en termes de reproduction numérique, d’incompréhensibilité par des regards extérieurs et de prix à payer par la justice. D’autre part, cela s’est produit, et dans une certaine mesure a été possible, comme conséquence et en continuité avec un moment où le conflit social devenait de moins en moins important, et où de nombreux compagnons préféraient la dilution de leur identité révolutionnaire et, avec elle, la mise à l’écart croissante de leurs propres pratiques conflictuelles. Mais d’un autre côté, nous pensons que si la force, de ceux qui ont décidé de la préserver, ne représente pas aujourd’hui une réelle menace en soi, au contraire, dans la possibilité de la relation avec une société en ébullition, pleine de colère et de frustrations, il pourrait y avoir la mèche qui déclenche des révoltes contre le pouvoir et ses injustices. C’est un premier point : à ce jour, l’État craint et attaque cette possibilité, qui n’est pas seulement représentée par les anarchistes, mais dont les anarchistes se font les avertisseurs. S’il est vrai que ces derniers temps, un certain type d’attaque répressive a été dirigé contre les anarchistes, il est également vrai qu’elle vise un public plus large, c’est-à-dire tous ceux qui veulent s’organiser dans la colère et tisser une rébellion.

Cette possibilité est donc représentée par une composante qui va au-delà de celle du mouvement anarchiste, d’une part ; d’autre part, il y a les frustrations quotidiennes que la société produit et qui affectent cette force.

Nous pensons qu’il existe au moins deux éléments de la société avec lesquels l’État ne veut pas que les anarchistes, et les révolutionnaires en général, entrent en relation : un premier aspect est une réactivation juvénile des pratiques conflictuelles, qui s’est produite ces dernières années, bien qu’à faible intensité. Un deuxième aspect est un possible ferment social motivé par la frustration générée par la détérioration des conditions de vie.

En partant du premier aspect, il est intéressant ici d’observer certaines étapes qui ont eu lieu au cours des cinq dernières années. Cette réactivation de la jeunesse s’est manifestée avant même le verrouillage, lorsque les rues ont été sillonnées par un grand nombre d’étudiants et d’étudiantes, ce qui ne s’était pas vu depuis longtemps. Les questions qui impliquaient le plus cette très jeune composante étudiante étaient les questions écologistes et transféministes. Avec le temps, il y a eu une évolution du phénomène, étant donné la parenthèse décisive de la quarantaine avec ses implications sociales, ce qui s’est traduit par une réduction du nombre de mobilisations, mais une radicalisation de certaines pratiques de lutte. Les lycées de la ville de Rome en 2021 ont été traversés par le mouvement « la lupa », par des occupations dans de nombreux lycées et instituts de la capitale, et quelque chose de similaire s’est produit un peu partout en Italie : des manifestations suite à la mort de Lorenzo, un étudiant impliqué dans le programme d’alternance école-travail (PTCO), aux affrontements devant la Confindustria à Turin et à l’emprisonnement de certains d’entre eux. Aucune identité politique forte ou même révolutionnaire n’a réussi à représenter ces pulsions. Les seuls qui ont réussi à absorber certaines de ces « instances » sont peut-être les militants de l’Ultima Generazione (avec ses évolutions) qui continuent à s’accrocher, à exister et à insister sur leurs pratiques.

Si nous prenons cela comme une représentation réaliste des cinq dernières années, nous devons également considérer que cela a été accompagné d’au moins deux années d’agitation sociale, bien que de faible intensité par rapport aux périodes passées de mobilisations plus denses. En outre, les émeutes dans les prisons (jamais autant de prisons ne se sont rebellées avec une telle intensité en même temps), les premières colères dans les rues à cause des fermetures dues à la covid, les manifestations étudiantes déjà mentionnées de l’année dernière et celles, encore plus anciennes, contre le greenpass (nous pensons d’ailleurs que, à tort ou à raison, ce n’est pratiquement que le secteur libertaire qui a vu un potentiel conflictuel dans ces moments de la place. Nous pensons qu’il ne s’agit pas d’un élément non pertinent dans la conception répressive).

Et c’est précisément dans ce contexte social que, alors que l’on pensait avoir trouvé une « issue » à la pandémie, une guerre est apparue aux portes de l’Europe. Si les effets de la pandémie se sont déjà partiellement manifestés, ceux de la guerre commencent à se faire sentir.
Nous pensons que c’est à la lumière de ce contexte que cette possibilité pourrait être créée, cette rencontre que l’État ne voudrait jamais voir se produire. La consolidation de la tentative de prévenir la colère sociale, non pas en réduisant les raisons de la frustration, mais plutôt en attaquant et en excluant ceux qui sauraient bien où canaliser cette colère, est sous-jacente. Ce que l’État, sous couvert du ministère public, a essayé de faire dans la dernière période, c’est donc d’essayer de fermer un jeu avec les anarchistes, leurs slogans et leurs pratiques, tout cela avant que ces deux possibilités ne se présentent : un conflit de jeunes qui devient révolutionnaire et une rage sociale motivée par des besoins matériels.

Mais le mouvement de l’État est double et simultané. Et nous en arrivons au deuxième aspect important de ce texte mais surtout de cette mobilisation. La tentative de marginaliser totalement et de punir de manière exemplaire ce qui reste une minorité révolutionnaire s’est accompagnée de la tentative de normaliser un instrument exceptionnel : l’utilisation du 41bis, créé pour l’urgence du massacre de la mafia, maintenant appliqué à un anarchiste, en vue d’une éventuelle nouvelle urgence (cette fois de nature sociale). La compréhension de ce double mouvement donne à la lutte d’Alfredo un sens supplémentaire. Alfredo refuse la normalisation de cette tentative : « Pas d’État, loin votre pouvoir de nos vies ». Cela ne signifie pas que l’accusation ne peut pas réessayer, mais que cette première tentative a donné une indication. Alfredo a réagi en déployant deux des caractéristiques qui ont le plus distingué les anarchistes : des compagnons obstinés ainsi qu’irrécupérables.

Il s’en est suivi une mobilisation qui, à notre avis, ne peut pas être entièrement résumée aux anarchistes en tête et aux réformistes en queue, surtout si nous en faisons une analyse qualitative. Jusqu’à présent, la relation entre les parties qui composent ces différentes formes d’action doit être considérée davantage comme une relation dialectique involontaire.

Faisons une petite prémisse, superflue mais clarificatrice : la distinction entre anarchistes et réformistes nous semble réductrice. Non seulement parce que la minorité qui s’est mobilisée ne peut être imputée uniquement au mouvement anarchiste, mais surtout parce qu’il nous manque toute une série d’âmes qui ne sont pas purement réformistes, avant tout : les avocats, pour ne citer qu’un exemple, ne sont peut-être pas anarchistes, mais qui a dit qu’ils étaient réformistes ?

S’il ne fait aucun doute que les compagnons anarchistes ont été parmi les premiers à agir en solidarité avec Alfredo, en y regardant de plus près, nous pensons qu’il est possible de constater qu’ils n’ont pas été les seuls, ni considérés seuls comme décisifs. Nous les voyons plutôt comme une partie du tout, un tout également composé de misère et de détresse. En ce sens, l’appel rédigé par une vingtaine d’avocats dans certaines villes italiennes a constitué une contribution importante, voire décisive, à l’ensemble de la mobilisation. Nous ne disons pas cela comme une note de mérite, mais parce qu’il avait cette valeur pour nous, et à certains égards, l’appel en question était un précurseur. Même certains « intellectuels » ont pris la parole presque immédiatement, que ça plaise  ou non ce qu’ils disent, que ça plaise ou non la dignité douteuse qu’ils représentent.

Cela étant dit,  nous avons défini la relation entre les différentes parties comme dialectique et involontaire. La lettre initiale des avocats posait la question en créant une certaine légitimité, les actions dans les rues donnaient un sens politique qui n’écrasait pas la possibilité de la lutte sur une simple opinion, les paroles d’un Manconi ou d’un Cacciari donnaient un sens aux actions, différent de la criminalisation qu’elles subissaient de la part du courant dominant, et ainsi de suite (les initiatives à Sapienza, les banderoles sur les grues, les compagnons sur les toits). Lorsque l’on a essayé de désigner les responsables d’une vitrine brisée comme étant « les vandales du 41bis », ce dernier mot renvoyait à une image différente de la normale : un anarchiste qui n’a pas commis de crime de sang est traité comme un mafieux. Cela signifie-t-il que ces actions sont légitimées ou acceptées ? Certainement pas, mais ils ont certainement pris un sens différent. Dans ces conditions, il est difficile, peut-être possible, mais aussi inutile, d’établir des priorités. Ce qu’il nous semble important de saisir, c’est : a) l’importance de la lutte d’Alfredo ; b) la nécessité de la contribution de chaque partie de cet ensemble. Nous tenons à souligner que toutes les contributions à cette lutte n’ont pas adopté la perspective appropriée pour nous, la perspective révolutionnaire, mais nous pensons également qu’elles doivent être considérées pour leur valeur réelle et le rôle qu’elles ont joué.

Au fil des ans, nous avons assisté au triste spectacle de pages et de pages d' »excellentes » raisons justifiant leur inaction. Heureusement, cette fois-ci, la modestie ou même l’intelligence l’ont emporté, même si, à cette occasion, beaucoup se sont tenus à la porte, exprimant une solidarité qui, parfois, ressemblait davantage à des condoléances.

La déshabitude des 6 ou 7 dernières années à se battre, à tenir une confrontation, à se défendre contre la stigmatisation, jouent certainement leur rôle en rendant la participation difficile. En revanche, Cospito, qui dans la distinction entre « bons et méchants » propagée par la rhétorique démocratique-libérale, représenterait le « méchant » par excellence. Ici notre rôle, ici l’intelligence de réitérer, en tant que compagnons et compagnonnes, que cette distinction n’existe pas, c’est une stratégie de l’accusation pour casser le conflit social. Nous le répétons pour les sourds : opprimés et oppresseurs, la seule distinction que nous connaissons. Et si Alfredo reste pour beaucoup de démocrates sincères un méchant… qu’ils gardent leurs raisons sincères, pour nous Alfredo reste un compagnon qui se bat.

Le fait flagrant est qu’une mobilisation a émergé de tout cela ; une fissure dans la société, bien que petite, a été creusée.

Comme toutes les mobilisations, celle-ci se nourrit et se reproduit aussi dans sa pluralité (qui, nous l’espérons, se multipliera encore). Mais ce n’est pas tout, un autre aspect qui a fait avancer la mobilisation est certainement la force des raisons. Le fait qu’Alfredo Cospito soit injustement en 41bis est un fait équitablement partagé par tous, il n’y a pas de conflit d’interprétation. Personne, ou presque, ne défend sa classification au régime 41bis, sauf à travers la réponse de la Cour de surveillance. La justesse morale de l’affaire est très claire, sa détermination dans la pratique désarmante, et la monstruosité de la machine étatique semble tout aussi claire. À la fois pour l’application de la mesure elle-même, mais aussi pour le mécanisme qui l’a mise en branle : cynique, sans compte à rendre, impossible à arrêter. Ce que Hannah Arendt appelait la banalité du mal est apparu au grand jour. La mobilisation avance dans le cadre du conflit entre la raison d’État et un état de raison qui est clair pour tous, sauf pour la féroce machine d’État. A partir de cette condition de raison absolue (ou presque), le terrain ou la légitimité politique que nous pouvons gagner dépend de l’intelligence que nous sommes capables de mettre en œuvre.

D’un côté, l’État essaie de conclure un jeu avec les anarchistes. Le 41bis à Alfredo et la peine de 28 ans à Juan en sont peut-être la plus grande expression. À notre avis, cela se produit pour deux raisons principales : la première est certainement ce que nous avons essayé d’exprimer au début du texte, c’est-à-dire la peur de la puissance des anarchistes, d’exclure et d’envoyer un message à toutes ces gouttes individuelles qui, dans une situation de ferment social, pourraient alimenter une tempête, grâce aussi à cet exercice de conservation de la mémoire conflictuelle. La deuxième raison est la faiblesse du mouvement révolutionnaire en Italie : si vous vous noyez, l’État ne pose certainement pas la main sur vous pour vous remonter. Il en profite pour essayer de vous éliminer pour de bon ; un problème de moins. Le fait de souffrir d’une solitude, et donc d’une distance par rapport au reste de la société, est peut-être le principal élément de faiblesse qui a caractérisé ces dernières années, et qui a toutefois été brisé, bien que de façon minime, dans le sillage de ces derniers mois.

D’autre part, les tentatives de descendre dans la rue ont été plus ou moins maladroites, toutes cependant nécessaires, toutes faisant partie de l’ensemble. Nous pensons que l’intelligence collective, les capacités conflictuelles ne sont pas quelque chose que l’on conserve pour le « moment propice » (attendez !), on ne congèle pas et on ne décongèle pas du congélateur à volonté. Ce sont des capacités qui doivent être cultivées et constamment exercées pour ne pas perdre confiance ou mémoire. A priori, les indécis devraient se faire une raison, tout ne sera pas fini dans quelques jours de toute façon. Les indécis, quant à eux, contournent le filet. Chacun comme il croit, chacun comme il peut tant qu’il est explicite. Il faut que la frustration fasse place à l’espoir et que l’espoir se transforme en impatience.

Nous en arrivons ici à une réflexion finale possible sur les perspectives de cette mobilisation. Si Alfredo meurt, avons-nous perdu ? Gagner signifie-t-il sauver sa vie ? La défaite est-elle dans la mort et dans l’échec de la lutte contre le 41bis et l’emprisonnement à vie incompressible ? Nous pourrions répondre à cette question par un joli peut-être, mais même ici, un tel regard dichotomique risque d’être à courte vue. La mort est un aspect de la vie qu’un révolutionnaire doit accepter. Nous ne savons pas si nous l’avons fait, mais il semblerait qu’Alfredo l’ait fait, et cela doit être saisi et respecté. Nous voyons deux luttes se dérouler simultanément : la première est celle d’Alfredo contre l’État, la seconde est la nôtre contre le pouvoir. Au-delà de la rhétorique, le premier est remporté par Alfredo. Si nous n’avons pas une vision chrétienne de la vie comme quelque chose de sacré, politiquement l’État est en contradiction explicite, personne ne peut la défendre. L’État a voulu et insiste pour faire plier un prisonnier, légitimant encore plus l’instrument exceptionnel du 41bis, et Cospito ne le permet pas, il le fuit. Au contraire, Alfredo donne sa vie, cette fois toute sa vie, pour faire connaître au monde ces deux abominations répressives de ce pays, ouvrant ainsi une brèche. C’est là que nous devons nous tenir, dans la lutte en tension avec la possibilité révolutionnaire. Il ne s’agit pas seulement de sauver Alfredo, mais de donner un sens et une continuité à la lutte pour laquelle il a mis sa vie en jeu, de continuer à avoir un impact là où il y a déjà une fissure. Si gagner signifie abolir les deux abominations répressives, saisir cette opportunité pour avancer sur la voie révolutionnaire signifie ne pas perdre. La lutte est importante en tant que voie viable et possibilité reconnue de changer les conditions, tout comme la légitimation et la reproduction des minorités révolutionnaires au sein de la société. Après des années de répression, l’État est en difficulté, il perd du terrain et nous avons la possibilité d’aller de l’avant.

Pour l’abolition du 41bis et de l’emprisonnement à vie incompressible,

pour la liberté d’Alfredo.

Des compagnons

Rome, janvier 2023

Traduit D’il Rovescio

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La meilleure attaque n’est pas la défense

Lettre ouverte (et désespérée) à ceux qui mangent notre propre pain

Chers compagnons,
c’est vers vous, et seulement vers vous (démolisseurs, pas intercepteurs de consensus ; rêveurs définitifs, pas pragmatiques quand il le faut – s’abstenir militants et opportunistes) que nous nous tournons en ces temps sombres, où chaque horizon semble se fermer définitivement à notre vue. A vous, connus au fil des ans en Italie et dans le monde entier, ou même totalement inconnus, les seuls à pouvoir comprendre notre état d’esprit actuel et nos paroles.
Nombreux sont ceux qui disent que ceux qui n’ont aucun espoir à transmettre devraient se taire. Bien que cela puisse expliquer le silence dans lequel beaucoup d’entre nous glissent, nous ne sommes pas d’accord. En fait, d’une certaine manière, nous pensons exactement le contraire : ce sont ceux qui persistent à colporter des récits incantatoires (du paradis céleste comme récompense de la résignation terrestre au communisme comme aboutissement inéluctable du développement capitaliste, en passant par l’insurrection qui accompagne chaque mobilisation citoyenne ou soulèvement de quartier) qui devraient se taire. Surtout aujourd’hui – alors que l’humanité est en voie d’extinction, que la planète est au bord de l’effondrement écologique, que le massacre social s’aggrave de jour en jour, que la guerre fait usage de l’arme nucléaire, que la servitude volontaire est si généralisée qu’elle rend ridicule toute aspiration à la moindre liberté – il nous semble plus urgent et essentiel que jamais de regarder la réalité en face et de ne pas effleurer la surface des choses pour en tirer des illusions réconfortantes. C’est pourquoi cette lettre est désespérée, parce qu’elle découle de notre découragement face à une situation qui semble désespérée à tous égards, sans issue.

Nous ne le cachons pas. Nous avons parié sur la rencontre entre la pensée et l’action, nous sommes assiégés par l’opinion et la représentation. Nous avons invoqué l’Unique et sa propriété, nous sommes entourés par le Selfie et sa vanité. Nous avons essayé de répandre l’utopie, nous sommes dépassés par le réalisme. Nous avons aimé les idées les plus excessives et les plus singulières, nous sommes à la merci de la propagande la plus homogénéisante et la plus massifiante. Nous aspirions à l’éveil de la conscience, nous nous retrouvons piégés dans le calcul de l’algorithme. Nous avons donné la priorité à l’éthique, nous sommes dépassés par la politique. La poésie a peut-être survécu à Auschwitz (et à la télévision ?), mais l’esprit critique a été anéanti dans la Silicon Valley. Nous sommes devenus comme les révolutionnaires allemands rencontrés par Stig Dagerman dans l’immédiat après-guerre : des ruines vivantes, dignes mais peu fréquentes.
Et maintenant ? Que (nous) reste-t-il à dire maintenant, alors que les mots ont perdu tout sens partout ? En haut comme en bas, dans les palais comme sur les places, tout s’est transformé en bavardage quérulent, en une immense farce qui laisse consterné et étonné. L’énième démonstration en ce sens est donnée ces jours-ci par la réaction à la grève de la faim jusqu’au bout entreprise par le prisonnier anarchiste Alfredo Cospito, sur le cadavre annoncé, attendu, redouté, par certains souhaité, s’est ouvert un véritable bal masqué.

Avez-vous déjà entendu parler de Satanta, c’est-à-dire de l’ours blanc, chef guerrier des Kiowas, l’une des nombreuses tribus amérindiennes ? Grand, de corpulence massive, il a participé à de nombreuses batailles, se distinguant par son courage. Il est l’un des premiers chefs indiens à être jugé par un tribunal blanc. Il a passé deux ans en prison puis a été libéré, mais craignant qu’il n’éveille les instincts belliqueux des jeunes Indiens, il a été remis en prison peu de temps après. Pendant des années, White Bear a passé des heures et des heures à regarder à travers les barreaux. Ses yeux regardent vers le nord, le territoire de chasse de son peuple. Lorsqu’il a réalisé qu’il ne pourrait plus jamais chevaucher librement au milieu des forêts et des prairies, lorsqu’il a réalisé qu’il ne pourrait plus jamais dormir dans un tipi (tente à base circulaire, symbole de mouvement et d’égalité), lorsqu’il a réalisé qu’il ne verrait plus jamais les autres membres de sa tribu, mais qu’il croupirait dans une cellule rectangulaire en béton, il a décidé d’en finir. Il s’est jeté par la fenêtre d’un hôpital pénitentiaire à Huntsville, au Texas, le 11 octobre 1878. Un choix compréhensible, le sien. Un choix humain.
Alfredo Cospito est également grand et, jusqu’à récemment, de forte corpulence ; ce n’est pas un Amérindien, c’est un anarchiste qui est allé en prison il y a plus de 10 ans pour avoir tiré dans les jambes du principal gestionnaire de l’énergie atomique en Italie, l’administrateur délégué d’Ansaldo Nucleare à Gênes. Depuis le 20 octobre, il a entamé une grève de la faim pour protester contre le régime carcéral de 41 bis auquel il est soumis depuis le mois de mai dernier. Sa vie est en danger, mais il n’a pas l’intention d’abandonner. Il dit qu’il continuera jusqu’à son dernier souffle et, connaissant son entêtement et sa détermination, il en est capable. Lui seul est en mesure de dire ce qu’il peut et ne peut pas accepter. Lui seul peut décider de ce qu’il fait de son propre corps. Comment vivre, comment mourir. Et pourquoi.

Jusqu’à présent, rien à redire. A chacun ses choix, qu’ils soient partagés ou non. Cependant, contrairement à White Bear, Alfredo Cospito a fait un choix politique. Il défie la mort pour poursuivre une revendication spécifique. Par sa grève de la faim, il veut obtenir l’abolition du 41 bis, c’est-à-dire qu’il veut pousser l’État à supprimer de son règlement la « prison dure ». Au fil des jours, de la propagation d’actions de solidarité plus ou moins marquantes dans le monde entier et de l’approche d’une issue tragique, son combat suscite de plus en plus de clameurs. Que les réactionnaires s’indignent de ce « chantage » des institutions par un condamné est dans l’ordre des choses et ne mérite pas qu’on s’y attarde. De même, il n’est pas étonnant que des progressistes ou des pseudo-dissidents de divers poils s’empressent de chevaucher cette  » protestation non-violente civilisée « , raison pour laquelle on ne peut que hausser les épaules devant la solidarité exprimée par les belles âmes habituelles (prêtres, intellectuels, artistes), et tourner le nez devant celle exprimée par les personnages immondes (comme les magistrats, les ex-ministres et les néo-fascistes)… C’est le jeu des parties, et il est inutile de chercher à lui donner un sens.

Cela dit, on ne peut s’empêcher de poser une question à ceux qui ont les oreilles et le cœur pour écouter : tant d’intérêt transversal mielleux aurait-il été possible si la revendication de départ n’était pas en soi de nature politico-humanitaire ? Ce que nous entendons par là, l’avocat de l’anarchiste lui-même l’explique clairement lorsqu’il déclare que « le grand mérite de Cospito est d’avoir ramené dans le débat public ce qu’est le 41 bis et s’il est ou non compatible avec la Constitution ». Ce ne sont pas simplement les mots d’un avocat qui fait son travail du mieux qu’il peut, c’est la seule perspective possible de la question posée : si la prison a pour mission de rééduquer, comme on prétend nous le faire croire, quel sens a un régime punitif dur comme le 41 bis ? L’État ne devrait-il pas l’abolir, ou du moins la limiter autant que possible (aux mafiosi qui dissolvent les enfants dans l’acide, dit le refrain populaire, comme si l’on ne savait pas que l’État libérait ces mafiosi une fois repentis) ? Elle peut faire l’objet d’un débat public, mais elle reste une question purement institutionnelle. Pas sociale, ni populaire, ni de classe, encore moins nihiliste, mais institutionnelle. Ceci est saisi et réitéré dans l’appel en faveur de Cospito adressé « à l’Administration pénitentiaire, au Ministre de la Justice et au Gouvernement » et signé par des dizaines et des dizaines de juristes, magistrats et universitaires à divers titres : »Configurer comme un défi ou un chantage l’attitude de ceux qui font du corps l’instrument ultime de protestation et d’affirmation de leur identité signifie trahir notre Constitution, qui place la vie humaine et la dignité de la personne au sommet des valeurs, à la protection desquelles l’État est chargé, pour sa propre légitimité et crédibilité, et non comme une concession à ceux qui s’y opposent. C’est là que réside la différence entre les États démocratiques et les régimes autoritaires ».
Ici, il suffit de lire ces phrases et les noms des signataires pour comprendre ce qui motive réellement leur préoccupation : la tentative de sauver ce qui peut l’être dans le naufrage total qu’a connu la loi. Dans un certain sens, ceux qui disent vouloir sauver Alfredo Cospito pour défendre la démocratie disent la vérité, car cette dernière est tellement délégitimée qu’il est nécessaire de contrebalancer ses aberrations par un geste noble. Sauver la vie d’un anarchiste qui n’a jamais tué personne pourrait être la bonne occasion. « Oui, c’est vrai, nous avons tué les émeutiers de Modène et massacré ceux d’Ivrée, nous avons rendu la vie impossible à des millions de personnes, mais allez, après tout nous avons été indulgents avec cet anarchiste… ». C’est ce qui peut pousser un Gherardo Colombo à s’inquiéter de Cospito, lui dont on se souviendra toujours comme le magistrat qui a tué Pinelli pour la deuxième fois. Une motivation qui peut également être étendue à ceux qui, comme Adriano Sofri ou Donatella Di Cesare, ont participé au lynchage des opposants au pass sanitaire

Mais toutes les effusions occasionnelles de bons sentiments dans ce monde ne sont plus en mesure de cacher la dure réalité : la démocratie est un régime autoritaire. Et ceci, après trois ans d’humiliation de la vie et de la dignité humaine par l’État au nom de la santé publique, n’est plus une critique radicale formulée par quelques têtes brûlées, c’est un constat banal.
Il n’est pas nécessaire d’être anarchiste pour se rendre compte que la Constitution n’est rien d’autre qu’un papier d’âne, il suffit de voir l’usage public répété qu’en font ses propres admirateurs ces derniers temps. Même ceux qui ont construit une solide érudition et une réputation philosophique sur l’exégèse du droit ont récemment été forcés d’admettre qu’ils ne peuvent plus « affronter un juriste ou toute personne qui dénonce la façon dont le droit et la constitution ont été manipulés et trahis, ni remettre en question le droit et la constitution en premier lieu ». Est-il nécessaire, sans parler du présent, que je rappelle ici que ni Mussolini ni Hitler n’ont eu besoin de remettre en cause les constitutions en vigueur en Italie et en Allemagne, mais qu’ils y ont trouvé les dispositifs dont ils avaient besoin pour établir leurs régimes ? Il est possible, c’est-à-dire que le geste de ceux qui cherchent aujourd’hui à fonder leur combat sur la constitution et les droits soit déjà vaincu dès le départ… C’est comme si certaines procédures ou certains principes auxquels on croyait ou, plutôt, faisait semblant de croire, avaient maintenant montré leur vrai visage, que l’on ne peut manquer de regarder. Il est paradoxal que ce que même un universitaire comme Agamben a réussi à comprendre échappe à la plupart des subversifs qui réclament aujourd’hui la fin du 41 bis. Attirés par la pression morale pour éviter la mort d’un anarchiste, ils ne voient pas l’intérêt de leur mobilisation..

Il suffit d’observer comment, dans cette grève de la faim qui se poursuit, le ton reste le même si l’on descend dans la rue depuis les palais et les salles d’audience. En effet, cela devient pour le moins pathétique. Peu importe l’embarrassant panégyrique de la sainteté du martyre. Mais que dire de cette distinction continuelle entre les mauvais mafiosi et les bons anarchistes, ou de la déplorable dénonciation de la disproportion entre les faits commis et les peines infligées (ce n’est certes pas nouveau, vu les 14 ans de prison infligés pour les journées de Gênes 2001), des appels au bien fondé dans la salle d’audience, mais décidément nauséabonds dans la bouche de ceux qui n’ont plus l’audace de soutenir toujours et seulement la destruction des prisons ? Que dire de l’habituelle « manie quantitativiste », qui fait tant gonfler mais rien grandir, cultivée par ceux qui enregistrent les quelques rots de conscience des magistrats et des intellectuels comme la preuve d’un large consensus ? Il est certainement impossible de dire ce qui est le plus involontairement comique, que ce soit la proposition d’un politicien norvégien de décerner le prix Nobel de la paix à l’un des plus grands chefs de guerre (le secrétaire de l’OTAN), ou l’initiative de quelques « anarchistes » visant à briser le « silence assourdissant du locataire du Quirinal », à « réveiller la conscience (et le sommeil béat…) de ceux qui devraient protéger la sécurité d’Alfredo ». En apprenant de ceux qui ne cessent de se déclarer « solidaires d’Alfredo et de ses pratiques » qu’un chef d’État doit veiller à la santé d’un ennemi de l’État, on a envie de paraphraser les paroles d’un célèbre anarchiste français monté à l’échafaud – dans la guerre virtuelle qu’ils ont déclarée à la bourgeoisie, certains anarchistes demandent protection ; ils ne donnent pas la mort, ils exigent de ne pas la subir.

Contrairement à ceux qui se prélassent dans un mirage, déduisant une faiblesse électrisante de l’État à partir des expressions de certains journalistes de télévision commentant la grève de la faim de Cospito, il nous semble, au contraire, que ce sont les anarchistes qui sont devenus plus que des faibles, d’authentiques marionnettes, lorsqu’ils sont réduits à devenir des mégaphones de batailles politiques constitutionnelles. L’État n’a même plus besoin de liquider le mouvement anarchiste, qui s’est liquidé lui-même en renonçant à ses propres idées pour mettre en œuvre des convergences tactiques pragmatiques. Si une si grande partie de la gauche rejoint aujourd’hui les anarchistes, ce n’est pas parce qu’elle y est contrainte par la force des choses, mais parce que ces anarchistes sont désormais presque les seuls à reprendre l’appel à « dire quelque chose de gauche, quelque chose qui ne soit pas de gauche, quelque chose de civilisé… quelque chose » – comme demander l’abolition du 41 bis. Au fait, vous êtes-vous demandé quelle lueur de victoire est possible dans une telle bataille ? Étant donné que l’agonie d’un anarchiste en prison et quelques vitres brisées ne parviendront probablement pas en 2023 à briser l’État, pas plus que les bombes de la mafia qui ont explosé il y a trente ans, que reste-t-il d’autre sur la table ? La remise dans son cas de la détention du 41 bis et la non-application de l’emprisonnement à vie incompressible ? Mince, quelle grande victoire : il ne risquait que vingt ans de prison sous le régime de haute sécurité…

Il y a quarante ans, certains critiquaient la proposition d’amnistie pour les prisonniers politiques en suivant ce raisonnement : la pression morale de quatre mille corps mourant dans la solitude ne peut justifier un marchandage avec l’État, il ne faut pas exiger la libération des camarades pour reprendre la lutte, il faut reprendre la lutte pour imposer la libération des camarades. Même en tenant compte des différents contextes historiques, un millénaire s’est en effet écoulé si l’on en vient aujourd’hui à faire du changement de régime carcéral d’un anarchiste (plus trois staliniens et quelques centaines de mafiosi présumés) l’objectif de la mobilisation de tout un mouvement. On a un beau conte à raconter sur l’extraordinaire anarchisme dans l’ensemble de la situation italienne, en imaginant aujourd’hui les tourments de la bourgeoisie en colère contre l’État coupable d’avoir  » lâché  » les anarchistes, comme hier quelqu’un a imaginé la résurrection de la Commune de Paris sous le ciel de Vénus. La réalité est que l’État domine aujourd’hui de manière si incontestée qu’il peut tout se permettre, qu’il s’agisse de laisser les anarchistes croupir en prison comme bon lui semble, d’inculper des syndicalistes pour extorsion, ou d’appliquer une surveillance spéciale aux militants écologistes.Pourquoi ne le ferait-il pas ? Parce que c’est anticonstitutionnel ? S’il a enfermé 60 millions d’honnêtes citoyens sans que personne ne bronche, sous les applaudissements de nombreux r-r-révolutionnaires, il peut bien enterrer un anarchiste mort ou vif. Sans même avoir à justifier ses actions. A qui doit-il rendre des comptes ? Aux journalistes ? Aux intellectuels ? Aux politiciens ? Aux juristes ? A l’opinion publique ? Aux sujets qui ont peur de leur propre ombre et même de leur propre souffle ? À ces subversifs capables seulement d’exiger que l’État se comporte de manière meilleure, plus juste, plus équitable ?
La victoire de l’État est vraiment totale lorsque ses ennemis sont réduits à parler sa propre langue et montrent qu’ils ne veulent plus prendre d’assaut le ciel (se contentant de défendre quelques tanières dans la terre).

Alfredo Cospito est toujours en vie et poursuit sa grève de la faim. Il fait ce qu’il peut et ce à quoi il pense pour sortir du trou dans lequel il a été enfermé. Mais comme il est entre les mains de l’État, et que c’est exclusivement sur le terrain institutionnel que se joue ce jeu, il n’y a aucune raison d’être optimiste quant à son sort. Le gouvernement a tout le loisir de jongler avec la situation. Il peut s’en moquer et aller tout droit selon une tradition patriotique pessimiste, il peut prolonger le calvaire du prisonnier en le gavant, il peut faire preuve de magnanimité aujourd’hui pour être encore plus cruel demain. Il peut même faire preuve d’une certaine disposition humanitaire et ensuite tirer la prise (« oups, une complication est intervenue, nous sommes désolés, nous avons tout fait, mais vous savez comment c’est, son corps était affaibli »). Comme tous les joueurs le savent, la maison gagne toujours à long terme.

« Si les Sinopes m’ont condamné à l’exil, je les condamne à rester dans leur patrie », aurait dit Diogène le Cynique. Art de faire bonne figure ou philosophie de vie furieuse ? Chers compagnons, nous sommes nous aussi condamnés à l’exil, à l’exil perpétuel puisqu’il n’y a plus de place pour nous dans ce monde. Un rêve après l’autre, un désir après l’autre, une liberté après l’autre, tout nous est arraché. Et le fait de savoir que l’extinction des amoureux de la liberté précédera de peu celle des partisans de l’autorité n’est pas une grande consolation pour nous. Mais ici, au milieu de la solitude et du désespoir, il n’y a pas seulement l’abattement, l’amertume, la mélancolie, la nausée. Il y a aussi ce qu’on appelle le courage du désespoir, cette détermination à tout essayer parce qu’on n’a plus rien à perdre.
Trouvons ce courage. Persuadons les bipèdes domestiqués de rester dans leur patrie, et de ne plus perdre de temps à courir après leurs partis, leurs classes, leurs mouvements. Enrichissons les chemins de l’exil. Préparons-nous à affronter la solitude. Entraînons-nous à survivre dans le désert, à nous déplacer dans le désert, à nous battre dans le désert. Sans plus de scrupules, sans plus de pitié. Par une philosophie de vie furieuse, par une philosophie de vie vengeresse.
Mort, la vie t’attends.

Traduit de Ab Irato

 

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Naples : Marche de solidarité contre le 41bis, la perpétuité et les prisons

Le dimanche 15 décembre à Naples, plusieurs dizaines d’individus anarchistes et transféministes ont improvisé un cortège dans les principales rues commerçantes, encombrées par la cohue des soldes, en solidarité avec Alfredo, qui a entamé sa grève de la faim il y a maintenant presque trois mois, et tous lesx prisonniersx en lutte, contre le 41bis, la perpetuité et les prisons. Se souvenir que le combat du compagnon est le combat de tous et que la lutte pour la liberté contre une société oppressive n’a rien à voir avec les indignations démocratiques hypocrites.
L’État est responsable de chaque personne qu’il enferme dans ses cages.
Tant que ceux-ci existent, pas de paix pour leurs villes vitrines.
Mort à l’État et au patriarcat
Vous trouverez ci-joint un tract distribué pendant du cortège.

Traduit de Il Rovescio

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Leipzig – Attaque de deux bâtiments publics et d’une voiture de la société Kühne Immobilien

Attaque de deux bâtiments publics et d’une voiture de la société Kühne Immobilien en solidarité avec Alfredo Cospito et tous les prisonniers en grève de la faim et ceux qui luttent à Lützerath (Leipzig, Allemagne, 11 janvier 2023)

Notre petite cellule d’anarchistes a décidé d’attaquer en solidarité avec Alfredo Cospito et d’autres personnes en grève de la faim dans le monde. Le 11 janvier, nous avons endommagé deux bâtiments publics à Leipzig. L’un est l’administration de la ville [Bürgerverwaltung] et l’autre est le centre de « soutien » pour la criminalité juvénile. Tous deux représentent des institutions que l’État utilise pour nous contrôler. Nous considérons l’État comme notre ennemi qui se dresse entre nous et notre libération, et nous devons donc l’attaquer sans relâche.

Ce soir, nous avons raisonné sur la façon dont l’État italien torture Alfredo Cospito. Nous suivons la lutte dans les prisons du monde entier et nous voulions nous aussi soutenir les personnes en grève de la faim. Vos écrits et vos actions en tant que membre de l’Internationale noire ont toujours été très proches de la façon dont nous comprenons l’anarchie. L’anarchie comme une attaque sans compromis contre toute autorité. Nous continuerons à le faire tant que nous serons libres !

Le 11 janvier est également le jour où la partie subversive des militants de Luetzerath appelle à une journée d’action. A Lützerath, plusieurs personnes affrontent actuellement les flics pour protester contre l’expansion de la mine de charbon voulue par le géant de l’énergie RWE]. Sur le chemin du retour, nous avons vu une voiture de l’une des plus grandes sociétés immobilières de Leipzig, « Kühne Immobilien ». En solidarité avec ceux qui défendent courageusement Luetzerath, nous avons également détruit cette voiture. Le mouvement pour le climat pourrait apprendre beaucoup des actions de Cospito. Quel rêve ce serait d’entendre parler de l’explosion d’une bombe devant le commissariat de police d’Aix-la-Chapelle ou de la rotule du PDG de « RWE ». Peut-être que tôt ou tard, nous y arriverons aussi en Allemagne.

La nuit suivant notre action, à Leipzig, des anarchistes ont mis le feu à six voitures Hertz en solidarité avec Cospito ! C’est de la musique pour nos oreilles !

Le pouvoir à tous les prisonniers !
Liberté pour tous !

Traduit de La Nemesi

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Rovereto – Banques défoncées en solidarité

5 décembre – Rovereto, Les vitres de l’agence Via Baratieri de la banque rurale Vallagarina ont été défoncées en solidarité avec Alfredo Cospito en grève de la faim contre 41 bis et la prison à vie. Allez, compagnon ! non au 41 bis, non à la condamnation à perpétuité.

Traduit de la nemesi

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L’état est faible

La décision du tribunal de surveillance de Rome, rendue publique le 19 décembre, de confirmer la détention sous le régime du 41 bis de l’anarchiste Alfredo Cospito est en fait une condamnation à mort, étant donné la décision de notre compagnon de ne pas interrompre la grève de la faim jusqu’au bout entamée le 20 octobre. L’État montre ses muscles et se prépare à l’épreuve de force. Sa devise pourrait se résumer à tuer un pour en arrêter cent, visant à la liquidation du mouvement anarchiste, du moins celui de notre génération. Ce qu’il montre en réalité, cependant, c’est une démonstration de faiblesse. Depuis deux mois, nous nous disons que l’heure n’est pas à l’analyse et à la réflexion, que la situation est urgente, qu’il faut agir.
Pourtant, s’il est vrai que pour l’anarchisme la théorie n’est jamais séparée de la pratique, puisqu’elles sont inextricablement liées, alors peut-être est-ce précisément le moment de ne pas s’arrêter pour réfléchir, mais de raisonner tout en continuant à agir.
En un mot. Nous pensons que l’État italien a commis une grave erreur en décidant d’ouvrir pour la première fois les 41 bis à un anarchiste emprisonné. Cette erreur a conduit à l’apparition de la plus grande mobilisation de dénonciation et de lutte, concrète et internationale, contre les 41 bis depuis l’inauguration de cet infâme régime d’anéantissement et de torture en 1992. Ce mouvement n’est pas dirigé par des démocrates sincères, mais est animé dans son essence propulsive par l’action individuelle d’un camarade indomptable, qui dans cette lutte risque sa propre vie, et par les nombreuses actions et initiatives, individuelles et collectives, d’un mouvement anarchiste qui a su retrouver colère et vitalité.
Face à tout cela, paradoxalement, aujourd’hui, l’État pourrait considérer que – étant donné qu’à présent l’erreur a été commise et qu’il devra la payer – tuer Alfredo Cospito pourrait être l’option la moins douloureuse. L’alternative serait la défaite et la nécessité de faire un grand pas en arrière, notamment parce que le mouvement anarchiste international ne promet pas, pour sa part, de faire des pas en arrière en échange de la vie d’un camarade. L’anarchisme n’est pas un troc (et ne pourra jamais l’être), une sorte de désarmement en échange de la déclassification d’Alfredo. L’État n’a donc aucune garantie que les anarchistes s’arrêteront. Au contraire, elle craint qu’ils soient revigorés par une victoire contre les 41 bis.
C’est un pari risqué. Et la vie d’Alfredo passe aujourd’hui par les dés de ces infâmes joueurs.

Les anarchistes du 41 bis : genèse d’une tentative de percée politico-militaire

C’est le printemps 2022. Le pays est soutenu par le gouvernement d’unité nationale dirigé par ce que beaucoup considèrent comme l’homme le plus influent des élites politiques et économiques européennes : Mario Draghi. La paix sociale est étouffante. D’autre part, il y a la guerre, la vraie guerre, aux portes de l’Europe. Le gouvernement Draghi, en particulier sa composante de centre-gauche, est un fervent partisan de la politique de l’OTAN. De loin l’un des gouvernements les plus bellicistes de l’alliance. Cela entraîne d’énormes sacrifices pour la population. Draghi le sait bien et il sait aussi que la paix sociale est un mariage fragile qui peut s’effondrer à tout moment. Draghi le sait bien, précisément parce que, en tant que directeur de la Banque centrale européenne, il est l’un des responsables de la boucherie sociale en Grèce.
Les anarchistes peuvent être précisément ce fusible qui fait déflagrer la situation : ils sont les seuls qui, en fait, n’ont jamais désarmé les raisons de l’offensive, d’où l’importance d’un mariage entre la critique et la pratique qui, par sa nature même, est profondément sociale et jamais simplement politique. En effet, comme nous aimons souvent le répéter, nous nous plaçons directement au sein du conflit, exploités parmi les exploités, opprimés parmi les opprimés, sans l’affronter ni le diriger de l’extérieur. Cependant, les anarchistes apparaissent à ce moment-là, aux yeux des dirigeants, aussi faibles et divisés que jamais. Il faut rappeler que le 41 bis est de loin le moment le plus politique de tout le mécanisme judiciaire, à tel point que c’est le ministre de la Justice qui signe les décrets d’internement, ce qui ne se produit pour aucun autre ordre ou sentence de quelque ordre ou degré que ce soit. C’est ainsi que la ministre de l’époque, Marta Cartabia, a signé le 4 mai le décret de détention dans le 41 bis pour l’anarchiste Alfredo Cospito, une mesure qui est devenue exécutoire le jour suivant.
Nous sommes en temps de guerre et une métaphore de type militaire peut donc s’avérer utile. Au cours de ces mois, l’État a tenté une percée en profondeur, l’attaque contre le mouvement anarchiste devait servir de tête de pont à une répression globale contre ceux qui persistaient à croire en la possibilité d’une transformation révolutionnaire et, plus généralement, contre l’antagonisme et l’opposition sociale. Ce sont les mois au cours desquels le parquet de Piacenza, pour donner l’exemple le plus frappant, est allé jusqu’à arrêter six syndicalistes, les accusant d’extorsion parce qu’ils demandaient des augmentations de salaire au patron. Si contre le mouvement antagoniste des coups de fouet sévères suffisaient, contre les anarchistes on visait la liquidation, la punition exemplaire ; l’État ne voulait pas gagner, il voulait gagner gros. En l’espace de quelques semaines vient la condamnation de Juan Sorroche à 28 ans pour l’attentat à l’explosif contre le siège de la Ligue de Villorba, dans la province de Trévise, le 12 août 2018, vient le transfert d’Alfredo Cospito en 41 bis et vient, en cassation, toujours contre Alfredo et Anna Beniamino, la requalification de « massacre contre la sécurité publique » en « massacre contre la sécurité de l’État » d’un des chefs d’accusation (inhérent au double attentat à l’explosif contre la Caserma Allievi Carabinieri de Fossano, dans la province de Cuneo, le 2 juin 2006) pour lequel ils ont déjà été condamnés, en première instance et en appel, dans le procès Scripta Manent. Si vous demandez à quelqu’un dans la rue ce qu’est un massacre, il répondra sûrement le meurtre de nombreuses personnes. En réalité, ce n’est pas le cas. En Italie, vous pouvez être condamné pour massacre même s’il n’y a pas de morts ou de blessés.
L’article 285 du code pénal est le plus grave du code pénal italien. Les mots d’un passage dans les motivations de l’arrêt de la Cour de cassation du 6 juillet devraient être gravés dans la pierre, pour une infamie éternelle. Aux défenseurs, qui objectaient que l’article 285 n’était pas utilisé même pour les massacres mafieux et les massacres fascistes (les vrais), la Cour a répondu que « dans ces cas, les objections concernaient des événements dans lesquels, en présence de victimes humaines, la distinction dogmatique entre massacre commun et massacre politique perdait son sens » (p. 63). En d’autres termes, lorsqu’il y a des morts, il n’est pas important d’appliquer l’article 285, car la prison à vie arrive de toute façon, mais avec les anarchistes, pour un crime moins sanglant, il faut les punir de l’infraction la plus grave. Sinon, comment pouvons-nous avoir la prison à vie ?
Un passage qui non seulement condamne à l’infamie perpétuelle et entache pour l’histoire le nom de son auteur – Luciano Imperiali, président du tribunal – mais qui est révélateur de ce qui se prépare : d’énormes composantes de l’État, à tous les niveaux, du ministre de la justice aux chefs de l’organe judiciaire suprême italien, « conspirent » pour abattre politiquement l’anarchisme. C’était le pari présomptueux de l’État italien. Autant de personnages qui se sont mis en danger, qui ont terni leur honneur bourgeois pour arriver au résultat.

Le plus long pas de la jambe : la plus grande mobilisation de tous les temps contre le 41 bis

Je continue avec la métaphore de la guerre. L’État tente une percée en profondeur, une accélération répressive telle qu’on n’en a pas vu depuis longtemps. Elle désire une tête de pont où de nouvelles troupes peuvent affluer et ainsi s’étendre. Comme dans toute guerre, la percée en profondeur présente d’énormes dangers : en particulier, la difficulté de défendre la position avancée qui a été acquise. Un massacre sans victimes, n’est pas facile à défendre. Une condamnation à perpétuité sans mort, n’est pas facile à justifier. Tout comme il n’est pas facile d’expliquer pourquoi le 41 bis, créé pour lutter contre les mafiosi, puis étendu dans le silence général aux camarades des Brigades Rouges pour la construction du Parti Communiste Combattant arrêté en 2003, est maintenant aussi utilisé pour les anarchistes.
L’État ne sait pas comment défendre cette position. Et ce qui est incroyable, c’est que ce n’est pas le cas. Il ne se défend pas, il ne s’explique pas. En deux mois de grève de la faim, pas un seul chroniqueur, pas un seul intellectuel, n’a « mis son visage » pour écrire un article, faire une interview, se mettre en danger pour dire que oui, il est juste qu’un anarchiste détenu soit transféré à 41 bis et y reste à vie. Ils se précipitent pour tuer Alfredo et ne le justifient pas publiquement. Ils jouent, mais ils n’ont pas les cartes. Ce comportement se poursuit tout au long des deux premiers mois de la grève de la faim, jusqu’à la publication (comme mentionné, le 19 décembre) de l’ordonnance du tribunal de surveillance de Rome pour l’audience du 1er décembre sur le recours contre le transfert au 41 bis, lorsque dans certains journaux apparaissent « timidement » les premiers titres qui, de manière rabougrie, tentent de soutenir la mesure. Mais c’est très peu.
L’anarchisme est vraiment quelque chose de merveilleux et nous apporte toujours de grandes confirmations. Jamais, comme dans le cas d’Alfredo Cospito, l’action individuelle et l’action de masse ne semblent entremêlées, indissociables, car c’est un individu, Alfredo, avant tout, qui fait la différence. Alfredo a décidé qu’une vie sans aucun contact, une vie sans dialogue avec ses compagnons, ne vaut pas la peine d’être vécue. Dans la Phénoménologie de l’esprit, Hegel décrit une lutte imaginaire pour la vie et la mort entre deux individus. L’un des deux a peur de la mort et se soumet à l’autre, ainsi naît la civilisation. Le serviteur choisit la vie et renonce à la liberté. Alfredo a montré qu’il n’est pas un domestique, il prouve qu’il ne veut pas vivre dans la civilisation des domestiques et, surtout, que la liberté vaut plus que sa propre vie.
Le 20 octobre, le compagnon entame une grève de la faim. L’occasion est une audience au tribunal de surveillance de Sassari concernant une saisie de correspondance. Nous n’avons pas lu sa déclaration, peut-être ne la lirons-nous jamais, saisis comme tout ce qui sort du 41 bis. Celui qui est enfermé dans 41 bis n’a pas le droit de parler, pas un seul de ses mots ne doit sortir de ces murs. Pas même ce qui aurait pu être les derniers mots de sa vie, pas même la déclaration où il annonce une grève de la faim jusqu’à la mort.
Cette énième pièce de la couverture d’isolement imposée par l’État devient une première faiblesse pour ce dernier. C’est à ce moment-là que l’on commence à écrire, à traduire en de multiples langues, qu’en Italie il y a un camarade anarchiste en grève de la faim jusqu’à la mort, mais que l’État l’empêche d’expliquer ses motivations. Même à l’étranger, les gens commencent à concevoir, encore vaguement, quel genre d’enfer est le 41 bis.
Les programmes d’information occidentaux nous martèlent chaque jour les crimes commis par leurs dictatures ennemies. Ils nous parlent des infamies de Poutine, mais nous découvrons ensuite que les opposants politiques de Poutine tweetent depuis leur prison. Ils nous parlent de la condamnation à mort de manifestants en Iran, et ce faisant, ils touchent nos émotions avec leurs derniers mots. Aujourd’hui, le monde apprend qu’en Italie, un homme condamné à mort s’est vu retirer son dernier mot.
L’infamie du 41 bis – les 22 heures d’isolement par jour, la socialisation maximale à quatre, l’entretien d’une heure par mois avec vitre de séparation, la censure de la correspondance, les journaux qui arrivent avec les articles interdits découpés, les fenêtres obscurcies, les allées où aucune lumière ne passe, l’interdiction d’avoir des photos, des dessins, des livres – devient de notoriété publique. A l’heure où les gouvernements nous demandent des sacrifices toujours plus importants dans leur guerre perpétuelle contre leurs tyrans ennemis, il commence à devenir indéfendable que des révolutionnaires en Italie soient enfermés dans 41 bis.
L’État italien s’est mis dans un sacré pétrin. Une ombre comme on n’en a jamais vu se répand sur l’organisme antimafia – et par conséquent, sur sa structure de gestion, la Direction nationale antimafia et antiterroriste, directement responsable du transfert du camarade du 41 bis et organe de coordination des plus récentes opérations répressives contre les anarchistes -, jusqu’au 20 octobre dernier une institution héroïque et intouchable pour la plupart, alors qu’aujourd’hui les murs de nombreuses villes italiennes affichent en grosses lettres que « l’antimafia torture » ou qu’il faut « fermer le 41 bis ». Pendant ce temps, les bourreaux s’enferment toujours dans le mutisme. Comme s’ils espéraient s’en tirer en tuant Alfredo dans le silence général.

Une mobilisation radicale. Les réformistes restent dans la file d’attente

Le caractère radical de ce qui se passe ne doit pas être sous-estimé, car il est sans précédent, du moins pour notre génération. La grève de la faim d’Alfredo contre le 41 bis et l’emprisonnement à vie hostile n’est pas, pour prendre un exemple historique, comparable à la grève de la faim que certains dissociés ont faite dans les années 80 contre l’article 90 de l’ordre des prisons (l’ancêtre du 41 bis). Cospito n’est pas un dissocié, il n’est pas repenti, tant qu’il a pu il a continué et persévéré à écrire des articles, des contributions et des interventions depuis la prison, en soutenant toujours la signification de l’action révolutionnaire contre l’état et le capital. Cet aspect en lui-même rend ce qui se passe radical : la plus grande mobilisation de l’histoire contre le 41 bis a comme  » fer de lance  » un compagnon anarchiste révolutionnaire qui risque sa propre existence, contribuant énormément à renforcer le sens et la perspective de la solidarité révolutionnaire internationale.
Le soutien à Alfredo Cospito s’est concrétisé, du moins pour une bonne partie de la mobilisation, non pas comme une dénonciation générique du 41 bis en tant que régime carcéral d’annihilation psycho-physique, mais comme un soutien spécifique à la lutte d’un camarade avec une connotation révolutionnaire très spécifique. Bien sûr, tout le monde ne partage pas, ou n’affronte pas volontiers, toute l’histoire d’Alfredo, mais il est clair que cette même histoire existe. C’est un fait, clair et inéluctable. Alors que, d’autre part – et cela ne représente pas, ou en tout cas ne devrait pas représenter un problème pour ceux qui, dans notre mouvement, ont des opinions différentes – beaucoup d’autres peuvent affirmer, comme nous l’avons fait, qu’ils partagent avec Alfredo un partage profond et radical des principes de l’anarchisme, qu’ils respectent son histoire sans si et sans mais, qu’ils soutiennent les raisons et la valeur des pratiques pour lesquelles il a été accusé et condamné ou qu’il a revendiquées (comme dans le cas de la blessure de l’ingénieur Adinolfi, responsable de la catastrophe nucléaire).
Cette évidence inhérente à la nature de la mobilisation a fait que pour la première fois, en ce qui concerne notre génération, nous assistons à une situation dans laquelle les réformistes, les garants, les démocrates, quand ils sont là, restent en queue de peloton. Cette situation est tellement inédite à nos yeux que nous sommes confrontés à la nécessité de développer des outils politiques et culturels appropriés. Dans la relation avec les mouvements antagonistes ou les instances de critique sociale de certaines réalisations du pouvoir, nous avons toujours eu l’habitude d’être – permettez-nous la simplification – la  » zone la plus dure  » au sein des luttes, celles qui sont souvent éloignées des leaders, ou des prétendus leaders, et des services d’ordre, quand nous ne sommes pas effectivement en dehors d’elles, méprisant parfois ces mêmes luttes pour leurs connotations réformistes ou entièrement récupérables. Contre toute logique frontiste, nous nous trouvons à soutenir une lutte dans laquelle il n’y a pas de front commun visant à agréger des entités ayant une conception radicalement différente de l’affrontement et des tâches des révolutionnaires : comme nous l’avons déjà mentionné, les « composantes » non révolutionnaires attentives à la lutte en cours se trouvent, par nécessité, contraintes de suivre les événements, en se réservant peut-être le droit de ricaner des « truculences » des anarchistes, mais sans pouvoir faire substantiellement plus. De même, désespérément réticents à tout ajustement vers le bas sur le terrain de la méthode, nous nous trouvons dans une dimension où le moteur propulsif est représenté par la radicalité de l’anarchisme révolutionnaire : d’où celle des camarades en grève de la faim et des actions de solidarité.
Cela dit, une initiative réformiste-démocratique a bien eu lieu, avec la prise de position de certains intellectuels de premier plan sur la situation d’Alfredo : Luigi Manconi, collectionneur de parcours politiques (ex-Lotta Continua, ex-Verts, ex-Parti Démocratique) ; Frank Cimini, journaliste chroniqueur judiciaire ; le philosophe Massimo Cacciari et la philosophe Donatella di Cesare ; Wu Ming, brillants écrivains représentants du monde de la désobéissance civile ; le dessinateur engagé Zerocalcare. Nous ne sommes pas particulièrement intéressés par le discours des médias, mais suivre l’histoire de ces deux mois à travers la presse bourgeoise peut être utile ici comme un backstory intelligible pour montrer comment les réformistes étaient cette fois à la queue de la mobilisation.
Lorsqu’Alfredo, puis les autres camarades – d’abord Juan Sorroche et Ivan Alocco les 25 et 27 octobre, puis Anna Beniamino le 7 novembre – entament leur grève de la faim, la « puissance de feu » de la presse démocratique-réformiste est reléguée à des revues spécialisées à très faible tirage. Quand les anarchistes (déjà avant le début de la grève, en solidarité avec Alfredo emprisonné dans le 41 bis) ont commencé à gâcher la fête des démocrates et des faux critiques dans leurs kermesses, puis quand la grève a commencé à organiser des marches spontanées, à occuper Amnesty International et les grues, à tapisser les villes de fresques murales, à réaliser les initiatives de solidarité les plus disparates, la presse locale a dû en parler. Autour et après la manifestation du 12 novembre à Rome et ses échauffourées, les réformistes font la une des journaux nationaux : Cacciari écrit un article dans « La Stampa » et Manconi dans « La Repubblica ». Les rédacteurs en chef des principaux journaux se sont fixé comme problème éditorial d’expliquer ce qui se passe, car leurs lecteurs ne savent pas grand-chose à ce sujet, puisque jusqu’à quelques jours auparavant, la censure était absolue sur le sujet. Et ainsi de suite, après les actions directes de plus en plus destructrices.
La croissance de la campagne démocratique ne pouvait se faire que dans les conditions de la croissance de la mobilisation radicalement révolutionnaire des anarchistes et autres camarades solidaires. Et, bien sûr, dans la prolongation de la grève de la faim et donc dans la dramatisation de la condition d’Alfredo, qui pourtant – nous l’avons rappelé – est un compagnon à l’identité claire, et donc difficile à instrumentaliser en termes humanitaires.
Il est curieux de voir comment certains de ces personnages – en particulier Frank Cimini et Luigi Manconi – ont commencé à s’inquiéter lorsque les actions directes ont commencé à prendre certaines proportions, tant du point de vue de la destructivité sur le terrain matériel que de celui de l’importance médiatique assumée par certains d’entre eux. Non seulement en prenant de la distance, ce dont nous ne doutions pas, mais Frank Cimini allant jusqu’à dire que « les manifestations extérieures de solidarité risquent d’alimenter la thèse de la dangerosité sociale et d’être contre-productives comme cela s’est déjà produit dans le passé pour d’autres prisonniers politiques », tandis que Manconi a déclaré vouloir « connaître le génie d’un anarchiste qui, pour soutenir la grève de la faim d’Alfredo Cospito contre le 41 bis, a jugé utile de perpétrer un attentat incendiaire contre le premier conseiller de l’ambassade d’Italie à Athènes », car cette action aurait « créé une confusion et [… …] a intimidé quelqu’un », permettant d’ailleurs « au rédacteur en chef du Giornale […] d’écrire que, puisque Massimo Cacciari et moi avons traité le sujet, Cospito aurait « séduit les salons chics » ». Indigné après l’attaque incendiaire contre les véhicules de Susanna Schlein, le pauvre Manconi nous éclaire également en nous informant que « seule une conception politique et bureaucratique, par essence autoritaire, de la lutte politique peut expliquer l’action d’Athènes ». En d’autres termes, les réformistes, en donnant une lecture totalement égocentrique de la réalité, confondent l’effet et la cause et ne voient pas comment, s’ils ont eu une voix dans cette affaire, c’est exclusivement grâce à la mobilisation entreprise par les anarchistes, et non l’inverse.

Les échelles de l’État

Ce qui a été dit, cependant, mène paradoxalement à l’issue dramatique de ces journées. En supposant que cette tentative de percée ait été une erreur pour l’État, en supposant qu’une clique de « manectariens » ait plongé le pays dans ces bouleversements, maintenant que nous sommes dans la tempête, les appareils institutionnels les plus profonds de ces jours-ci mettent probablement deux alternatives sur la balance : faisons-nous moins de mal si nous le tuons ou si nous le sauvons ?
Déclasser Alfredo pour l’État signifierait faire un pas en arrière très précieux. Car il ne s’agit pas d’une erreur spécifique, ce que les bien-pensants appelleraient une erreur judiciaire. Si l’on compare l’État à un organisme vivant, on constate que de nombreuses structures sont mises en mouvement, de manière organisée et même organique. Une chaîne « protéiforme » qui part du précédent gouvernement d’unité nationale et de ses ministres les plus influents (dans le cas de Marta Cartabia, on a souvent parlé d’une possible première femme à la présidence de la république), passe par une structure autosuffisante et incontestable comme l’anti-mafia, implique les juges de la cassation, elle descend jusqu’aux bureaux de nombreux procureurs italiens (Turin pour le procès Scripta Manent, puis l’accusation de massacre, Pérouse et Milan pour les enquêtes contre la publicité anarchiste, en particulier contre le journal anarchiste « Vetriolo », puis l’accusation d’actions « inspiratrices » ou « orientatrices », etc.) ).
De plus, ce retour en arrière se ferait sans aucune garantie. Les anarchistes ne promettent rien à l’État, ils ne l’ont jamais fait, ils ne le peuvent pas par leur nature même et parce qu’ils n’ont pas de structure politique unitaire. Et surtout, ils ne veulent pas le faire. L’État italien perdrait la bataille sans aucun lot de consolation. La condamnation à perpétuité d’Alfredo et d’Anna est désormais plus difficile à obtenir, après la décision du 5 décembre du tribunal de Turin de saisir la Cour constitutionnelle, estimant qu’il est d’une légitimité douteuse d’être obligé (comme le prétend la cassation) de prononcer une condamnation à perpétuité en l’absence de victimes.
Enfin, l’État dispose de structures d’autosuffisance, véritables « bunkers » à l’abri de tout ce qui se passe à l’extérieur. Même Silvio Berlusconi, lorsqu’il était Premier ministre, n’a pas réussi à arrêter les magistrats qui voulaient le condamner. Comment Alfredo Cospito peut-il y parvenir ? Le tribunal de surveillance de Rome, chargé de confirmer les ordres de détention 41bis, est un organe qui, dans son histoire, les a toujours tous confirmés. Ce sont des personnes payées pour rejeter les appels des avocats des détenus de 41 bis. Ils ne reculent jamais, ils sont une usine à rejet et ils se sont confirmés comme tels cette fois encore. Révoltes et appels dans les journaux, attaques et prises de position des politiciens, ils n’entendent personne.
Néanmoins, l’État, dans l’intention de tuer Alfredo, choisit de jouer aux dés avec le Diable. Personne ne sait où le jeu va le mener. L’espoir qui anime les partisans de la ligne dure est qu’Alfredo s’arrête au dernier moment ou que, en le tuant, ils puissent réunir de nombreuses preuves contre ceux qui se mobilisent afin de procéder à une vague d’arrestations et de (s’illusionner sur) la fermeture du jeu avec les anarchistes. Tuer un pour en arrêter cent.
Il s’agit d’un pari risqué parce qu’il est complètement joué en étant assis du mauvais côté de la barrière. Il est vrai qu’il ne suffit pas d’avoir raison pour réussir ; en fait, le fait que l’injustice domine sur la planète Terre indique plutôt le contraire. Cependant, ce qui a déjà été dit – le caractère vexatoire et inhumain du 41 bis, le massacre sans victimes, la condamnation à vie sans morts, l’inauguration du 41 bis pour les anarchistes – est si difficile à justifier que l’État n’aura pas la partie facile en avançant vers le massacre d’Alfredo et de nous tous. L’affaire Cospito est désormais dans l’air du temps, tous les journaux télévisés en parlent depuis plusieurs jours et continueront d’en parler. Alors que, nous le répétons, il n’y a pas un seul flagorneur du parquet – pas un Saviano, pas un Travaglio, pas un fonctionnaire du gouvernement – qui mette son visage pour expliquer pourquoi la condamnation à mort d’un anarchiste emprisonné est juste.

Signes de fatigue du front bourgeois

Le 19 décembre, le tribunal de Rome, qui s’était réuni le 1er décembre, a rejeté le recours contre le transfert au 41 bis. Presque trois semaines pour dire non, qu’Alfredo doit mourir. Dans la soirée, le journal télévisé LA7 a diffusé un long reportage de quatre minutes sur cette affaire. A la fin de laquelle le réalisateur lui-même, Enrico Mentana, prend la parole et dit des choses très lourdes.
Avant de les rapporter, un postulat sur le rôle éditorial de LA7 et la figure de Mentana. Née avec l’ambition de devenir le troisième pôle de télévision, LA7, au cours de ses 15 années d’existence, a tenté de se présenter comme une alternative à la fois à la télévision appartenant à la famille Berlusconi et à la télévision d’État, la RAI. Avec le rachat de l’éditeur Urbano Cairo, LA7 fait partie d’un grand bloc d’édition qui contrôle également ce qui a toujours été le journal le plus autorisé de la bourgeoisie italienne, le « Corriere della Sera ». Le bloc LA7-Corriere représente donc la voix du maître ; un maître équilibré, centriste, modéré, bien pensant.
Dans ce cadre, le directeur de l’information joue un rôle éminent. Mentana présente lui-même le journal de 20 heures et le fait à travers ce qui apparaît très souvent comme une présentation commentée et ennuyeuse des faits. Après quelques rapports, il prend une poignée de secondes pour ses commentaires non sollicités. Mentana joue le rôle qui, dans les tragédies grecques, était occupé par le chœur : l’opinion publique qui compatit ou stigmatise les vicissitudes du héros. Et que dit Mentana cette fois-ci ?
C’est une question très très épineuse. Pour l’observateur qui, comme dans mon cas, n’a peut-être pas toutes les données en main, il semble qu’il n’y ait aucune proportion à demander la prison la plus sévère possible pour ceux qui n’ont ni tué ni blessé, pour ceux qui ont commis des délits qui ne sont pas assimilables à ceux de Totò Riina et autres, ce n’est pas le cas. D’ailleurs, il est dans l’intérêt de tous de ne pas créer un cas aussi épineux qui entraîne aussi ces réactions. Mais il y a une question de justice, et nous le savions, et nous ne le découvrons pas aujourd’hui ».
La voix de la bourgeoisie, par la bouche du coryphée Enrico Mentana, dit au moins deux choses très lourdes. La première, de nature humanitaire : il n’y a pas de proportion entre les anarchistes et les mafieux, entre Alfredo Cospito et Totò Riina, le 41 bis pour Cospito est disproportionné. C’est une déclaration évidente, objective et banale. Cela confirme le fait que l’État fait un pari en se plaçant du mauvais côté de la barrière. Même les rédacteurs en chef le disent maintenant, et pas une seule fois quelqu’un ne s’est manifesté dans l’opinion publique pour soutenir le contraire. Ils vont le tuer et ne défendent pas leur décision. Ils vont le tuer et essaient encore de le faire en silence, ils sont complètement  » fous  » et ne voient pas que le silence est maintenant rompu. Ils se taisent, se mettent des bouchons dans les oreilles et recommencent le garrot.
La deuxième déclaration, cependant, est encore plus retentissante : « En outre, l’intérêt de chacun est de ne pas créer un cas aussi épineux qui entraîne aussi ces réactions ». Le commentaire fait référence aux actions directes qui ont eu lieu ces derniers jours, actions qui venaient d’être mentionnées dans le rapport diffusé. La bourgeoisie italienne, avec cette très courte déclaration, dit quelque chose de très lourd : nous sommes fatigués. La bourgeoisie ne comprend pas pourquoi les appareils de sécurité l’ont mise dans ce pétrin. Nous devons déjà faire face à la guerre, à la crise, à l’énergie chère, pourquoi diable avoir lâché les anarchistes sur nous, qui plus est avec des répercussions internationales ? Alors, pourquoi partir d’une position aussi faible pour se défendre ?
Enfin, le coup de gueule stylistique contre les responsables de ce désastre : en Italie, il y a un problème avec le système judiciaire, et ce n’est pas aujourd’hui que nous le découvrons.
En fait, un bloc de pouvoir incontestable s’est établi en Italie depuis 1992. Si nous étions des démocrates sincères et préoccupés par le sort du pays, nous l’appellerions « un bloc de pouvoir subversif ». La logique de l’anti-mafia est une logique totalement indifférente au monde et à ses sollicitations. Et il en est ainsi de manière constitutive. Dans la paranoïa de la mafia, personne ne peut arrêter les anti-mafia. Si le système juridique avait prévu, par exemple, qu’un ministre, un parlement, une commission pouvait arrêter la lutte contre la mafia, la pensée paranoïaque aurait pu dire : qui peut nous garantir que ce ministre, ce parlement, cette commission n’est pas aux mains de la mafia elle-même ?
Aujourd’hui, la bourgeoisie italienne paie le prix des fibrillations provoquées par le mouvement de solidarité avec la grève de la faim d’Alfredo Cospito. L’anti-mafia, comme toute institution, indépendamment de sa rhétorique d’autosuffisance, repose sur le soutien populaire. Son « bunker » politico-militaire a été construit sur ce soutien. Aujourd’hui, la vie d’Alfredo passe aussi par la dénonciation des responsabilités de l’anti-mafia. Ce soutien doit et peut être remis en question. Ceux qui veulent tuer Alfredo doivent savoir que, ce faisant, ils répandent une brosse à merde sur les moustaches de Falcone et de Borsellino.
En conclusion, une composante de l’État a voulu faire condamner les camarades Anna Beniamino et Alfredo Cospito en visant des peines allant jusqu’à la prison à vie et a voulu transférer Alfredo au 41 bis afin que cela agisse, en termes de dissuasion, comme un avertissement contre le mouvement anarchiste. De la même manière, cette même composante de l’État a maintenant l’intention de tuer Alfredo comme une démonstration de force extrême. Mais il s’agit en fait d’une preuve de faiblesse. Face à la détermination et à la mobilisation solidaire d’Alfredo, l’organisme complexe de l’État-capital n’est pas du tout cohérent, puisqu’il existe en son sein des ressorts manifestement contradictoires, des contradictions qui se greffent sur cette même affaire de la grève de la faim. Ils sont du mauvais côté et sont incapables de justifier publiquement le meurtre qu’ils ont prémédité. La tête de pont que l’État a tenté d’ériger en transférant pour la première fois un anarchiste à 41 bis est fragile. Les approvisionnements sont difficiles. Ils ont voulu aller trop loin et maintenant ils n’ont pas le courage de se retirer.
Comme l’écrit le camarade Ivan Alocco, qui entame une nouvelle grève de la faim le 22 décembre aux côtés d’Alfredo et en solidarité avec ses camarades emprisonnés : « Que ce soit par la torture psychologique de l’isolement (une forme de mort sociale et intellectuelle) ou par la torture physique d’une mort lente, ce qu’ils veulent, c’est anéantir un de leurs ennemis. Mais Alfredo n’est pas seul. Il ne le sera jamais. Son courage face à l’acharnement destructeur de la répression renforce notre détermination. Nous devons continuer, continuer. Alfredo est toujours en vie. Aujourd’hui comme hier, ils ne parviendront pas à éteindre la pensée et les pratiques anti-autoritaires, à briser la tension révolutionnaire.

Emmeffe
Efferrement

24 décembre 2022

 

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Bologne – Manifestation en solidarité


Il corteo degli anarchici a Bologna per Cospito: vetri rotti delle banche e scritte sui muriVerre brisé de deux banques et écriture sur les murs contre le régime 41 bis et pour la libération d’Alfredo Cospito, jeudi soir à Bologne, lors d’un cortège anarchiste. Les manifestants, au nombre d’une centaine, sont partis de la place Malpighi armés de gourdins, de casques et de bâtons et, malgré la neige et le froid, ont défilé avec leurs banderoles jusqu’à la prison pour mineurs de Pratello, en passant par la rue Marconi, la rue Lame et la rue Riva di Reno, où ils ont vandalisé quelques vitrines, dont celles du Carisbo, dans la rue Riva di Reno.

Traduit de la Presse

 

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 Athènes – Embuscade contre l’unité de police à moto à Zografou

LA PEUR CHANGE DE CAMP

Dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 1er janvier, nous avons organisé et mené une embuscade contre des policiers du groupe DIAS [police à moto] dans le quartier de Zografou. La façon dont l’embuscade a été mise en place et l’intensité de l’attaque que nous avons menée, ont entraîné la blessure grave d’un policier et la destruction totale d’une moto – seule celle-ci est arrivée sur les lieux – de ce groupe particulier. La grande puissance de feu utilisée était proportionnelle à l’impunité de ce groupe, qui compte déjà 2 Roms assassinés au cours des 16 derniers mois et des dizaines d’incidents d' »arbitraire policier ». Il s’agissait d’une réponse puissante au crescendo de la répression policière orchestrée par le gouvernement de la Nouvelle Démocratie, qui a donné carte blanche aux forces de police pour battre, torturer et tirer de sang-froid, sachant qu’aucun d’entre eux ne sera puni et que leurs crimes seront couverts par les mensonges des journalistes, l’impunité de la justice bourgeoise et la couverture des dirigeants politiques.

Nous disons aux flics dans les rangs et à leurs supérieurs : Pour la violence gratuite que vous avez utilisée, nous vous punirons de nos propres mains. Les cris de désespoir de votre collègue sont la preuve de votre faiblesse face aux forces organisées de la violence révolutionnaire. Panique, douleur, peur, insécurité, telles sont les émotions que nous vous avons offertes lors de l’embuscade contre vous. Tirez-en les conclusions qui s’imposent car votre sentiment de toute-puissance s’est terminé avec fracas dans une impasse à Zografou. Par cette action, nous voulons faire passer le message qu’avec de l’organisation, de la planification et de la discipline, nous pouvons frapper les forces de répression en provoquant la peur et des coûts matériels tant sur le matériel animé qu’inanimé.

La doctrine de la loi et de l’ordre que le gouvernement de la Nouvelle Démocratie applique depuis le premier moment de son élection a laissé derrière elle des morts, des blessés, des tortures et des viols. L’impunité constante des flics n’est pas un fait accidentel mais l’essence même de cette doctrine. Le dernier maillon d’une énorme chaîne d’incidents est l’exécution de sang-froid de Kostas Fragoulis, un Rom de 16 ans, parce qu’il a « osé » ne pas payer 20 euros pour de l’essence.

L’État envoie le message suivant à ses prétoriens sur tous les tons possibles : Vous pouvez exécuter des civils non armés, frapper qui vous voulez, torturer et violer à l’intérieur des commissariat ; il y aura ces mécanismes qui veilleront à ce que vous obteniez l’huile. Ce message a été reçu par les forces de police, dont la démoralisation a dépassé toutes les limites. La question est de savoir quand nous le recevrons aussi. S’attaquer aux porcs de la police dans la conjoncture actuelle est une question existentielle pour la lutte elle-même. Si la peur qu’ils sèment l’emporte, alors nous serons vaincus pour de bon. Si la peur change de camp, alors nous deviendrons leurs chasseurs.

Les marionnettes qui composent la police grecque ne sont pas invulnérables, elles ont des familles, des maisons, des véhicules, des hobbies. Ce qui manque, c’est la volonté de les traquer et d’organiser un acte de vengeance à leur encontre. Parce que c’est la seule façon de briser en pratique la culture de la décadence où les responsabilités, les coûts personnels, les conséquences, sont enterrés sous des mots creux, un activisme inefficace, une frivolité académique. La guerre révolutionnaire n’est pas une représentation théâtrale, et elle ne survit pas non plus dans la misère des cycles d’inaction. Au contraire, en tant que processus vivant, elle se développera dans les tensions, les passions, l’inverse des instincts que la société capitaliste cultive en nous. Il se développera lorsque la pensée politique développera une position critique, verra le monde qui l’entoure d’un œil clair, brisera les lunettes de l’idéologie qui obscurcissent sa vision. Lorsqu’elle se rendra compte de sa véritable ampleur et avancera d’un pas que son assise lui permettra de renforcer dans l’enclume de la pratique révolutionnaire.

Revenons donc à l’essentiel : les choses dans le domaine de la répression policière sont simples, les faits sont sur la table, quiconque est intéressé les observe et prend position. Pour notre part, avec nos forces limitées, nous avons fait comprendre qu’aucun meurtre d’État ne restera sans réponse. Que la tentative d’annihiler toute forme de résistance, la futilité et l’enracinement de la peur dans nos âmes et nos esprits ne deviendront pas une réalité. Compagnons, attention, l’attaque contre la doctrine de la loi et de l’ordre, toujours et surtout maintenant que nous entrons dans une période électorale, multiplie notre élan politique et déconstruit l’un des principaux agendas du gouvernement. Avec la planification, la croyance, la détermination, nos actions seront nos meilleurs juges.

Force et solidarité au gréviste de la faim anarchiste Alfredo Cospito qui lutte contre la torture du régime d’isolement de 41 BIS.

Force au membre emprisonné de l’organisation Anarchist Action Thanos Chatziangelou.

Solidarité avec tous les prisonniers politiques dans le monde

Solidarité aux luttes des prisonniers contre le nouveau code pénitentiaire

Cellule de vengeance Kostas Fragoulis

Traduit de Abolition Media

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Chili – Mots de Juan Aliste Vega – La vie que nous défendons

Texte – cri de guerre – de Juan Aliste concernant la grève de la faim d’Alfredo Cospito contre le régime d’isolement.

Quand l’aller est sans retour, ni hésitation, pour un révolutionnaire subversif et anarchiste, les choix de lutte sont basés sur la certitude de la vie.

La vie que nous défendons de manière intègre et cohérente, face à toute situation. Nous concevons la vie comme le reflet de nos actes, nous la saisissons dans le sauvage, dans ce qui agite et combat l’ordre esclavagiste, et non dans le format capitaliste précaire et misérable dans lequel on peut choisir entre des alternatives de bien-être et de consommation.

Ainsi, maîtres de nos pas et de notre souffle, maîtres de la vie qui parcourt nos os et notre peau dans la guerre.

La vie que nous défendons

La vie que nous défendons est libre, de n’importe où et avec tous les moyens et potentiels. En tenant la décision par la main, nous reprenons le fil ininterrompu de l’action directe, en tant que frères et sœurs, en brisant les frontières et l’impossible. Aujourd’hui, la complicité, la conspiration multiforme et horizontale, s’élabore et se déploie en construisant la résistance et la solidarité internationale.

Loin des logiques organisationnelles éculées ou des partis autoritaires, je lance mon cri de guerre. De la même tranchée qu’Alfredo Cospito, qui a commencé par rendre visible l’isolement et le caractère éternel de sa condamnation. Contre un État qui peut compter sur tout un cadre structurel et une doctrine d’oppression constante, infâme et basée sur les classes. Aujourd’hui, la mobilisation du compagnon anarchiste italien défie la mort. A près de 90 jours de grève de la faim et d’autres à venir, ne les soutenant que par la conviction et l’intégrité d’un cœur inébranlable et d’une vie en guerre. Faire de son corps une arme de conflit et de lutte est une démonstration de force révolutionnaire. De par sa base anarchiste, Alfredo n’est pas du genre à passer et repasser. Alfredo se bat contre toute la pourriture de l’État et de ses appareils.

Il mène ce combat subversif avec son corps. J’écris avec reproche et en tant qu’ennemi de l’État, à partir de la douleur qui nous rend plus forts et nous met à l’épreuve. La vraie parole émane de la certitude farouche que la seule liberté réside dans l’action. Que ces prisons qu’ils ont inventées pour nous enfermer sont un échec et le seront toujours, tant que nous resterons sur le pied de guerre, contre eux et toute la merde qui les soutient.

Force compagnon/frère, mon respect de guerre.

Je n’ai rien à dire au pouvoir. Mes énergies sont pour toi, Alfredo, chaque bouffée d’oxygène de ces mots t’appartient ainsi qu’à tous et chacun des des compagnon-nes qui se battent pour la fermeture du 41 bis.

Une étreinte complice, de lutte et de résistance inébranlable dans la tendresse.

Notre vie dans la guerre ne se termine ni avec la torture, ni avec l’emprisonnement, ni avec la mort.

Mort à la société carcérale, à tous les États et aux institutions qui les soutiennent.

Solidarité internationaliste avec Alfredo Cospito.

Contre le 41bis et la perpetuité incompressible

Juan Aliste Vega
Prisonnier subversif.
Carcere La Gonzalina
Janvier 2023
Territoire occupé par l’état $Chilien

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Berlin – Le parking d’amazon part en fumée

Traduit de l’allemand de Sozialer Zorn, 16 janvier 2023

[La nuit du 16 janvier vers 3h40 dans le quartier de Berlin-Tempelhof, près de 25 camionnettes de livraison de l’entreprise Amazon ont flambé sur son parking situé le long de l’autoroute A100 : 18 ont été entièrement calcinées, et 7 de plus ont été endommagées par les flammes. Voici une traduction de la revendication de cette attaque signée « Des anarchistEs ».]


Aux premières heures du 16 janvier 2023, nous nous sommes frayés un accès sur un site bien sécurisé de la rue Germaniastraße, dans le quartier de Berlin-Tempelhof, et nous avons retiré de la circulation 25 véhicules Amazon-Prime à l’aide de dispositifs incendiaires. Un feu de solidarité avec les occupant-e-s à Lützerath et les prisonnier-e-s en grève de la faim.

La frénésie de consommation du Black Friday et les ventes lucratives de Noël sont passés. L’amour de son prochain et le peu de recueillement érigés en devoir laissent de nouveau la place à l’habituelle routine du quotidien. On joue à nouveau des coudes, pour tenir dans la lutte concurrentielle de la société actuelle. Malgré l’inflation et l’augmentation du coût de la vie, la course aux marchandises et le pillage de la planète et de ses ressources se poursuivent imperturbablement en cette nouvelle année, remplissant les caisses des profiteureuses de guerre du commerce en ligne. Par sa position de monopole et un vaste modèle économique, Amazon s’est révélé depuis longtemps être un facteur de dépendance pour beaucoup. Mais ce groupe est bien plus qu’un simple fournisseur de produits à bas prix.

Tes pensées et sentiments valent de l’or

Les développements technologiques de ce géant de l’informatique indiquent l’avenir sombre d’une société dystopique de surveillance et de contrôle. En tant que force motrice dans l’établissement du capitalisme numérique, Amazon ne modifie pas seulement l’économie de manière durable, mais aussi le quotidien, le comportement social et même nos modes de pensée. Les intelligences artificielles et les algorithmes sont en mesure de piloter et de manipuler les besoins. Les calculs qui en découlent façonnent dès aujourd’hui ce qui fera de l’argent demain. Avec une large palette de produits et d’infrastructures technologiques (serveurs), cette entreprise s’impose dans toujours plus d’aspects de la vie pour satisfaire son insatiable soif de données. Que ce soit par le logiciel de surveillance Amazon-Ring, qui veille comme un œil tout puissant sur les propriétés des riches et qui – désormais aussi intégré dans des véhicules dès la construction– soumet l’environnement à un contrôle permanent. Par l’assistance vocale Alexa qui, en tant qu’oreille de l’IA, se tient à l’affût dans les salons et les chambres à coucher et assiste même aux moments les plus intimes. Par les programmes de reconnaissance faciale et les capteurs censés interpréter les sentiments et diriger les client-e-s à travers les magasins en libre service Amazon-Go. Ou avec une multitude de développements dans les domaines de la santé et de la biotechnologie, afin de capturer tout ce qui est physique et de le décomposer en chiffres. Amazon sait que celui qui dispose de grandes quantités d’informations et de données et qui peut traduire le présent en dimensions mathématiques, a aussi le pouvoir d’influencer l’avenir pour son propre profit.

Sur le worldwideweb concernant le site de Berlin

La responsabilité du maintien de l’ordre social est certes beaucoup plus diffuse, pourtant ce groupe, avec quelques autres géants de la Tech, joue un rôle très particulier dans le réagencement du monde par la smartification. L’intervention dans de nombreux domaines nos vies est déjà beaucoup plus grande que ce que nous croyons. Elle ne se limite pas uniquement à celles et ceux qui ont déjà volontairement remplacé leurs ami-e-s par Alexa, qui servent une économie à la demande hautement connectée en achetant des produits Prime, ou qui s’abrutissent en achats sur les plate-formes du commerce en ligne sur le dos de travailleur-euse-s aux conditions précaires. Sur Internet, il est désormais presque impossible de passer à côté d’Amazon. Et pour qu’il en soit bientôt de même dans l’espace physique, Jeff Bezoz est en train de planter une tour dépassant toutes les autres en hauteur au milieu de Berlin. Avec ses 140 mètres de haut, c’est un symbole sans équivoque de la revendication de pouvoir blanc-patriarcal d’une crapule égomaniaque. En outre, la construction de cette Tower aura des conséquences profondes pour les quartiers alentours. L’arrivée de milliers d’employé-e-s de l’informatique d’Amazon viendra alimenter la spirale des prix sur le marché du logement et poursuivre et accélérer des processus d’éviction. Comme toujours, ce seront les exclu-e-s qui en porteront le poids, eux et elles qui ressentent déjà le plus fortement la pression financière due à l’augmentation des coûts. Ce n’est donc qu’une maigre consolation que des plus hauts étages de cette tour qui s’élève de manière si éhontée, on aurait pu sans problème s’émerveiller de la combustion du parc automobile d’Amazon à l’autre bout de la ville.

Amazon passe sur des cadavres

Le fait que la Amazon-EDGE-Tower soit prétendument construite avec des matériaux durables peut faire bien au niveau marketing, mais cela n’en rend pas le tout meilleur. Au contraire, cela masque les conséquences climatiques de la fabrication et de l’exploitation de milliers et milliers de serveurs, ainsi que le caractère désastreux du commerce en ligne et de l’adhésion à l’idée de consommation de masse face à la crise écologique. Si une grande entreprise telle qu’Amazon fait de la pub pour le développement durable, ça n’est sûrement pas parce qu’elle reconnaît les conséquences de ses activités, mais par calcul affairiste pur et dur. Le label de protection du climat permet désormais d’engranger de bons profits. Ce faisant, on ne mentionne pas que le complexe techno-industriel s’est avant tout développé par le biais d’innombrables crimes contre l’humain et la nature, dont découlent les crises actuelles. Seule sa destruction totale, au moyen de la violence libératrice nécessaire, pourra y mettre un terme.
Enfin, la smartification, le contrôle et la surveillance concernent au premier chef aussi les employés malmenés des centres de distribution d’Amazon, qui, contrairement à leurs collègues informaticiens bien formés, doivent fournir des performances maximales contre de mauvais salaires et dans des conditions de travail misérables. Même lorsque l’un-e d’entre eux en meurt, cette entreprise de merde n’a même pas la décence d’accorder à ses collègues une pause pour s’arrêter un moment et souffler un peu, comme ça s’est passé récemment à Leipzig. Ce feu est aussi pour vous !

Pour l’anarchiste Alfredo Cospito qui, à l’isolement, est en grève de la faim et en lutte contre le régime 41bis en Italie depuis 89 jours.
Pour Thanos Chatziangelou qui se bat pour sa dignité dans les geôles de Grèce.
Pour Ivan, en grève de la faim en France et pour les 11 prisonniers de Turquie qui sont en grève de la faim dans les taules grecques.

En lien avec les occupant-e-s de Lützerath.
Contre l’avancée du pillage de la planète – Attaquer le complexe techno-industriel.
Liberté pour tous les prisonniers !

Quelques anarchistEs

Traduit par Sansnom d’Sozialer Zorn

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Buenos Aires – Revendication de l’incendie d’un concessionnaire d’automobiles Volkswagen

En guise de complicité avec le compagnon Alfredo Cospito et contre ceux qui soutiennent l’emprisonnement, la torture, l’exploitation et la domination ; le mercredi 4 janvier 2023, à 02h00, j’ai provoqué un incendie chez le concessionnaire automobile Volkswagen, Avenida San Martin 6701, Villa Devoto, Buenos Aires, laissant derrière moi au moins quatre véhicules endommagés.

Individualité anarchique

Traduit de La Nemesi

 

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Naples – Contre les cages de l’État et du patriarcat – Texte distribué lors d’une marche de solidarité

Le dimanche 15 janvier à Naples, plusieurs dizaines d’individus anarchistes et transféministes ont improvisé une manifestation à travers les principales rues commerçantes, bondées par la foule des soldes, en solidarité avec Alfredo, maintenant presque trois mois dans sa grève de la faim, et tous les prisonnier-es en lutte, contre le 41bis, la perpétuité et les prisons. Se rappeler que la lutte du compagnon est la lutte de tout-es et que la lutte pour la liberté contre une société oppressive n’a rien à voir avec les indignations démocratiques hypocrites. L’État est responsable de chaque personne qu’il enferme dans ses cages. Tant que celles-ci existent, pas de paix pour leurs villes vitrines. Mort à l’État et au patriarcat

Vous trouverez ci-dessous le texte du tract distribué lors de la manifestation :

Contre les cages de l’Etat et du patriarcat

En tant que féministes, nous connaissons le visage patriarcal et violent de l’État, dont l’une des expressions les plus extrêmes est la torture du 41bis.

Les régimes différenciés et les prisons spéciales ont en fait pour objectif la privation sensorielle et la dépersonnalisation du détenu-es.

Nous, femmes, lesbiennes, pédés, trans* et personnes non binaires, connaissons bien la discipline et l’oppression qui passent par les corps. Lorsque nous refusons d’adhérer aux normes de genre et à l’hétéro-patriarcat, nous sommes enfermé-es et stigmatisé-es comme fous/folles. La prison est la punition pour celleux qui désobéissent aux règles de ce système, à son ordre, car tout corps dissident hors du genre est remis sur les rails. Chaque femme, lesbienne, queer, trans* et personne non-binaire est ramenée à son devoir, tête basse devant son père, son maître, son mari, l’État.

La stratégie de l’État consiste à retirer à ceux qui rejettent l’ordre imposé tout ce qu’ils ont : la liberté, les relations, la possibilité d’agir et d’être. Dans une situation d’isolement carcéral extrême, la seule arme qui reste est le corps. C’est ce qu’Alfredo a choisi de faire depuis plus de 80 jours, en menant une grève de la faim jusqu’à l’extrême. Il a été rejoint au cours des deux derniers mois par plusieurs compagnons – Juan, Ivan, Anna. Pour les juges et les journalistes, pour qui un monde sans hiérarchie est inconcevable, Alfredo serait le « chef d’une organisation ». Ils ne pourront jamais comprendre que, pour les anarchistes, les chefs, les structures et les hiérarchies ne peuvent exister. D’autre part, ils oublient la compagnonne Anna, emprisonnée pour la même opération répressive, qui avec Alfredo et les compagnon-nes anarchistes poursuivent cette lutte depuis toujours. La force de leur résistance résonne en de nombreux endroits et transforme la colère en action.

Nous voulons que notre solidarité passe à travers ces barreaux détestés et atteigne Alfredo et tous ceux qui sont en prison, car nous croyons que la poussée vers la liberté est contagieuse et peut résonner plus fort que leur autorité.

Nous connaissons l’importance de la solidarité directe et active, car en tant que féministes, nous n’avons aucune confiance dans l’État et sa justice. Les magistrats, les inspecteurs, les gardiens de prison et les violeurs nous criminalisent au pire lorsque nous nous auto-défendons ou que nous échappons aux normes de genre qui nous sont imposées. Au mieux, ils nous traitent avec paternalisme, prétendant qu’ils doivent nous défendre. Nous rejetons toute délégitimation et tout paternalisme qui, lorsqu’il ne nous considère pas comme passifs et victimes, nous montre du doigt.

En tant que féministes anarchistes, nous nous reconnaissons dans une lutte contre le 41bis et l’emprisonnement à vie, car une opération répressive de cette ampleur est un avertissement clair pour quiconque mène des idées et des pratiques anarchistes. Alfredo n’est pas le premier camarade soumis à ce régime, nous nous souvenons de quatre autres camarades qui ont été dans le 41bis pendant presque vingt ans. Parmi eux, deux camarades, Diana Blefari, morte aux mains de l’État, et Nadia Lioce, qui lutte depuis des années contre ce régime de torture.

En tant qu’identités sexuelles et de genre dissidentes, nous nous joignons à la lutte d’Alfredo et de tous les autres compagnons contre le 41bis, un régime dont on ne peut d’ailleurs sortir que par l’abjuration. Chaque jour, on nous demande de nous renier pour nous adapter à une norme qui voudrait que nous soyons domestiqués et pacifiés. Refusant tout compromis avec l’Etat et la justice, nous reconnaissons la lutte contre le 41bis et toutes les formes de détention comme notre combat.

Liberté pour tou-tes

Feu aux prisons

Traduit de Inferno Urbano

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[MaJ] Milan – Récit de la manif du 15 janvier

CONTRE LE 41 BIS, PROC PROC PROC PROCESSION À MILAN !

Dimanche après-midi, à Milan, un cortège important et composite a défilé de manière décidée dans les rues qui croisent la place Porta Genova, la prison de San Vittore et la Darsena, en criant haut et fort sa solidarité avec Alfredo, en grève de la faim depuis 89 jours dans la prison de Bancali, et avec tous les détenus.

Malgré l’hostilité des flics, qui sont entrés sur le terrain comme toujours avec un énorme dispositif d’hommes et de véhicules, en direction d’une place qui n’avait aucune intention de passer des accords ou de communiquer avec eux, le cortège était déterminé à maintenir les Digos et les celere à distance, les empêchant de marcher à l’intérieur et sur les côtés de la manifestation.

Divers discours, tracts et slogans ont été utilisés pour raconter la lutte menée par Alfredo, et par de nombreux camarades solidaires avec lui, contre le régime carcéral 41 bis et contre la prison à vie, véritables formes de torture que l’État met en œuvre dans ses prisons. Hier, nous avons réaffirmé à quel point la solidarité avec cette grève de la faim est forte et transversale, à quel point le cas d’Alfredo est un pas important dans une large lutte qui critique profondément et fondamentalement toute la prison et la société dont elle est une institution fondamentale pour opprimer et punir. Notre solidarité ne peut donc manquer de s’étendre à tous ceux qui lèvent la tête et décident de se battre à l’intérieur comme à l’extérieur de la prison, à tous ceux qui subissent une répression de plus en plus asphyxiante.
Nous continuerons à nous mobiliser pour être aux côtés d’Alfredo et nous invitons tout le monde à contribuer à ce combat et à maintenir notre attention à un niveau élevé.

ALFREDO HORS DU 41 BIS !
TOUT LE MONDE HORS DU 41 BIS !
CONTRE TOUTES LES PRISONS !

P.s. :
Malgré la tentative de la préfecture de décourager camarades et compagnons, même par une extraordinaire opération de prévention qui a même permis de saisir de dangereux oeufs de peinture, les rues traversées par le cortège étaient remplies de slogans écrits sur les murs et certaines vitres se sont fissurées à cause des notes trop aiguës des uvules qui ont chanté les refrains tout au long de la manifestation😎.

Traduit de carceri in revolta

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Histoires de démocrature….

Milan, dispos diffitif d’ordre public pour la manifestation anarchiste.

Le Prefet de Milan, Giuseppe Petronzi, a préparé pour cet après-midi un dispositif d’ordre public, auquel participent la Police d’État, les Carabinieri et la Guardia di Finanza, pour la gestion du cortège appelé par les membres du mouvement anarchiste, en solidarité avec le prisonnier Alfredo Cospito, déjà condamné et emprisonné pour la mise à genoux de l’ingénieur Adinolfi à Gênes et pour des délits de nature associative.

Environ 600 personnes issues des milieux anarchistes, marxistes et du syndicalisme de base, venant également d’autres villes italiennes, se sont rassemblées vers 15 heures sur la Piazzale Stazione Porta Genova d’où elles se sont déplacées en cortège, encadrées par les unités encadrées, le long du Corso Cristoforo Colombo en déployant des banderoles et en allumant des fumigènes.

Le long du parcours, certains manifestants, dont le noyau le plus radical a toujours eu une attitude fortement antagoniste, ont effectué des dégradations. La police est souvent et promptement intervenue pour interrompre les actions criminelles. En particulier, la police d’État a dû intervenir à quelques reprises, comme près du COIN à Corso Cristoforo Colombo, pour empêcher des approches dangereuses et des dégradation.

Plus tard, les manifestants ont atteint la prison de San Vittore où ils se sont arrêtés, ont parlé et lancé des slogans en solidarité avec les détenus. Les unités encadrées des forces de sécurité ont empêché le cortège de s’approcher du centre de détention et les manifestants ont été canalisés pour retourner à leur lieu de départ.

Sur le chemin du retour, le dispositif d’ordre public est intervenu en installant des barrages à plusieurs endroits afin d’empêcher le cortège d’emprunter certaines rues, comme le Corso Genova, pour s’approcher du centre-ville. Pendant ce temps, la police locale s’est efforcée d’atténuer les effets sur la circulation.
Pendant l’initiative, les inscriptions en faveur du détenu Cospito et contre l’application du 41bis et les dégradations, notamment des vitrines de la poste de Viale Gorizia, n’ont pas manqué.

En ramenant les manifestants à la piazzale Stazione di Porta Genova, le point de départ, l’initiative a pris fin.

Au cours des activités de prévention et de contrôle ciblées, la police a saisi 25 pétards, 16  fumigènes, de la colle, des pinceaux et des tracts auprès des manifestants.

De nombreux individus ont été identifiés et les séquences vidéo seront examinées afin d’identifier les responsables des dégâts.
Frank Cimini

Traduit pour info de NO41bis

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Quelques mots d’alfredo rapportés par les parlementaires à la presse.

(…) « Je ne dis rien, je ne te parle pas si tu ne parles pas d’abord aux autres prisonniers ». C’est l’accueil des parlementaires. La porte de la cellule ne s’ouvre pas du tout, pas même pour la visite de contrôle des parlementaires, et ceux-ci parlent au prisonnier à travers le crabe.
« Je ne suis pas le « bon prisonnier » à sauver. Ma lutte est une lutte pour fermer 41 bis, qui est un régime carcéral en dehors des règles humaines ».

Cospito apparaît émacié, il a déjà perdu 35 kilos depuis qu’il a commencé son combat contre la perpetuité incompressible et le 41 bis, régime auquel il est soumis depuis le mois de mai de l’année dernière.
« Je sais que si je ne résous pas ce problème, je vais mourir. Ce sera ma dernière bataille », murmure-t-il depuis sa cellule, sortant du lit avec une couverture et un bonnet de laine sur la tête, « mais j’irai jusqu’au bout ». Je n’ai que cette arme, je n’ai que mon corps.
Cospito s’est battu depuis la prison et ne renonce à rien, il ne regrette pas, ne renonce pas et confirme sa méfiance à l’égard des institutions : « Je suis un subversif, j’ai toujours été un rebelle. Depuis que j’ai renoncé au service militaire. Je n’ai jamais accepté de servir l’État.  » Cospito considère l’État italien comme un ennemi à vaincre, mais l’État italien peut-il le considérer comme tel ?
(…) « Je suis anarchiste, par définition l’anarchie n’a pas de structure formelle, je n’ai pas de réseaux à qui donner des ordres. Nous combattons l’Etat mais nous n’avons pas de tels liens, c’est pourquoi je ne mérite pas d’être dans le 41 bis »(…)
(…) « Parce que le 41 bis est inhumain, il faut en sortir tout le monde, même les mafiosi ». « Je suis obligé d’utiliser la grève de la faim pour me faire entendre car c’est le seul moyen qui m’est permis de le faire »(…)
(…) « Je n’ai pas le droit de lire les livres que je demande, seulement ceux qui peuvent être achetés à l’économat. On m’interdit des journaux nationaux ainsi que de certaines chaînes de télévision. A quoi bon ? »(…)
je me tiens encore debout « , dit Cospito avant de s’allonger sur le matelas, « mais si je continue comme ça, je sais que bientôt je n’aurai plus la force de sortir de ce lit ».

Traduit de Lucharcontrael41bis

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Communiqué depuis différents territoires d’Abya Yala pour Alfredo Cóspito après presque 90 jours de grève de la faim contre le régime de punition et d’isolement 41 bis.

Communiqué public des affinités anarchistes, subversives anti-autoritaires, nihilistes antispécistes et anarcha-féministes face à la situation actuelle du compagnon Alfredo Cóspito dans les prisons fascistes italiennes près de 90 jours après le début de sa grève de la faim.

En tant que compagnons qui soutiennent la lutte anarchique contre les prisons, la société carcérale et le système de domination, nous exprimons par ces mots notre soutien indéfectible au compagnon Alfredo Cóspito, enlevé par l’État italien dans la prison de Bancali, Sassari, Sardaigne ; un centre d’extermination dans lequel le régime infâme du 41 bis lui a été appliqué, dans le but de le détruire en tant que sujet et de l’empêcher de maintenir tout type de contact avec tous ses compas à l’intérieur et à l’extérieur des prisons.

Alfredo fait une grève de la faim depuis près de 90 jours pour exiger la fin de l’application de ce régime maudit, qui extorque nos compas par la torture de l’isolement cellulaire pour les inciter à donner des informations ou à mourir, seulement dans ces deux situations le 41 bis cesse d’être appliqué.

En tant que compagnons partageant les mêmes idées, nous répudions la torture appliquée à Alfredo et à d’autres compagnons, nous savons qu’ils nous craignent en raison de notre engagement sans restriction pour mettre fin au système de domination, un engagement qui ne se termine pas par la torture, ni par la prison, ni par la mort elle-même, et c’est pour cette raison qu’aujourd’hui Alfredo risque sa vie avec fermeté et sans hésitation.

Depuis le territoire occupé par l’État colonialiste chilien et depuis différents territoires d’Abya Yala, nous disons que la lutte de notre camarade est aussi la nôtre et que les conséquences d’une mauvaise fin à cette lutte seront vues et ressenties partout.

Ennemis, États et geôliers, n’oubliez pas que les frontières sont les votres, pas les nôtres, et que nos réponses ne passeront pas inaperçues si un seul d’entre nous est enlevé.

En tant que non-croyants, nihilistes et subversifs, nous savons que nous serons toujours en conflit, un conflit historique et continu, dans lequel la vie et la mort se rencontrent constamment dans une lutte sans fin jusqu’à la fin de toute la civilisation imposée par le pouvoir et les relations de domination.

Compagnon Alfredo Cóspito, nous savons que ces mots te seront refusés, mais nous te disons que nous sommes avec toi au loin et que ta lutte, ainsi que celle de tant d’autres, est et sera présente dans notre action quotidienne.

Mort à la société carcérale et à tous les États et institutions qui la soutiennent.

Nous exigeons la fin du 41 bis pour Alfredo Cóspito et la fin de l’isolement de tous nos compagnon kidnappés dans les prisons du monde.

Nous appelons à la solidarité avec Alfredo par tous les moyens.
les prisonniers anarchistes, les subversifs anti-autoritaires et les nihilistes antispécistes du monde entier sortent des prisons maintenant !!!

Fin 41 bis !
La fin de l’isolement en prison !
Prisonniers anarchistes, subversifs et antispécistes dans la rue maintenant !

 

Prison empresa la gonzalina de rancagua :
Marcelo Villarroel Sepúlveda.
Juan Aliste Vega.
Joaquin García Chancks.
Francisco Solar Domínguez.
Aldo Hernandez.
Prison pour femmes de San Miguel, santiago:
Mónica Caballero Sepúlveda.
Itamar Diaz.
Bélgica Toro Coleman.
Prison empresa santiago 1 :
Nicolas Melendez.
Rodolfo Olivares.
Diego Rivas.
Lucas Hernandez.
Abraham Astorga .
Javier Reyes.
Roman Zapata.
Tomás González Quezada.
– Red Solidaria Antikarcelaria con Juan y Marcelo (RSAJM).
-D-Linkir banda.
-Ciclo de Cine Anticarcelario Libertario.
-Revista Tiempo de Luchar (RSAJM).
-Red traductora de contrainformación Contra Info.espiv.net
-Buscando la kalle informativo de presxs subversivxs y anarquistas.
-Espacio Fénix.
-Boletin La Bomba.
-Coordinadora 18 de Octubre.
-Editorial Memoria Negra.
-Publicacion Refractario.
-Revista Anarquista Internacional Kalinov Most.
-Periodico Tinta de Fuga.
-Programa Recupera Tu Vida.
-Radio 31 de Enero.
-MapuAwka Contrainformación.
-Medio Libre La Zarzamora.
-Furia Anarcofeminista. Lima.
-Puntada con Hilo, comunicaciones lesbofeministas autónomas.
-Resistencia Dignidad.
-Jornadas Antifascistas.
-Asamblea Anarquista del Bio Bio.
-Red internacional por la libertad de los presos políticos del mundo y justicia por nuestros mártires.
– Taller Muerdago.
– Viejo Ted.
– Dagaz Bs. As. Argentina.
– Desborde Ediciones.
– Mundano Metralla.
– Festival de cine Anarquista Buenos Aires.
– Espacio Casa La Gomera Bs. As. Argentina.
— Loreone del Krimen.
– Programa Kontrababylon.
– Negras Tormentas.
-Radio 8 de octubre. Costa Rica.
-Laboratorio Popular de Medios Libres.

Le 13 janvier 2023, depuis differents territoires de Abya Yala

Traduit de Publicacion Refractario

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Leipzig – Incendie de camion Hertz en solidarité

[Dans la nuit de mercredi à jeudi 12 janvier, vers 2h du matin, cinq camions et une camionnette ont été la proie des flammes dans le quartier de Plagwitz à Leipzig. Les véhicules appartiennent à la société de location Hertz, et se trouvaient cette nuit-là sur un parking en libre accès près de la gare de S-Bahn. La police a ouvert une enquête pour incendie volontaire. Voici une traduction du communiqué de revendication de cette attaque solidaire.]


Hertz attaqué
Traduit de l’allemand de de.indymedia, 14 janvier 2023

Cheap thrills

Come on, come on, put the mask on / It’s wednesday night and I won’t be long
Gotta do my hair, put my gloves on/ It’s wednesday night and I won’t be long
‘Til I hit the target, hit the target / I got all I need / No, I ain’t got cash, I ain’t got cash / But I got you, grilly
Baby, I don’t need dollar bills to have fun tonight / (I love cheap thrills) / Baby, I don’t need dollar bills to have fun tonight / (I love cheap thrills) / But I don’t need no money / As long as I can feel the heat / I don’t need no money / As long as it keep burning

(Cheap Thrills, Sia & Sean Paul)

Avec cet air en tête et inspirés par les compagnon.nes à Hambourg, à Rome et à Athènes, nous avons attaqué Hertz par le feu dans la nuit du 12 janvier. Hertz coopère avec les ennemis de notre liberté et doit en payer le prix.

En solidarité avec les prisonniers en grève de la faim Alfredo, Ivan, Thanos et avec les 11 camarades de Turquie. Pour tous les prisonniers anarchistes emprisonnés par l’Etat, et pour tous les autres qui continuent à lutter à l’extérieur.
Salutations aux personnes qui défendent Lützerath de manière radicale !

Pour une solidarité internationale pleine de haine et de passion !
Jusqu’au prochain parking.

Des anarchistes


Trouvé sur Sans Nom

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Des nouvelles de la semi-« liberté » de Toby Shone et écrits en solidarité dans la prison

Le 28 décembre, l’unité « antiterroriste » de la police britannique viendra le chercher à la prison du Parc où il est actuellement incarcéré pour le conduire au centre de détention « semi-ouvert » dans lequel il est censé purger les deux dernières années de sa peine. Les restrictions qui lui seront imposées sont particulièrement sévères et consistent notamment en : aucune possibilité de contact avec d’autres détenus, un couvre-feu nocturne de 21 heures à 7 heures du matin, pendant lequel il ne peut pas quitter l’établissement, une sortie libre pendant le reste de la journée, mais avec l’obligation de revenir à 12 heures et à 17 heures.
Pendant les heures de sortie « libre », il lui est interdit de participer à des manifestations et à des réunions de nature politique, ainsi que de fréquenter ceux qui sont définis comme des « extrémistes de gauche ». Il ne peut pas écrire sur des sites web et ne peut se connecter à Internet qu’à des heures autorisées et dans un lieu prédéfini. Il pourra disposer au maximum d’un téléphone portable avec une carte SIM, qui sera contrôlé. Il ne pourra pas effacer l’historique de son téléphone ou de son ordinateur.
Il sera contraint de se soumettre à des séances psychologiques ou psychiatriques, et il lui est absolument interdit de parler de sa situation ou de dénoncer nommément les responsables. Les avocats de Toby préparent un recours contre ces restrictions, qui ne sont évidemment pas la norme dans de tels cas, mais celles-ci resteront en place jusqu’au résultat final de la demande.
En plus de ces mises à jour, Toby fait savoir que :

LES PRISONNIERS ONT ÉCRIT LE SLOGAN « ANNA LIBRE – COSPITO LIBRE GUERRE SOCIALE » DANS LA COUR B1-B2 DE LA PRISON HMP PARC, EN SOLIDARITÉ AVEC LES COMPAS EMPRISONNÉS.
Toby continue de refuser le travail forcé et la nourriture (deux jours par semaine) par solidarité avec Alfredo et Anna, et tient à faire savoir que son moral est bon.

Traduit de Il Rovescio [Paru le 20 decembre]

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Cesena – Attaque d’un concessionnaire BMW

Dans la nuit du 30 décembre, des bouteilles de verre remplies d’asphalte liquide et des pierres ont été jetées sur les vitres et les voitures d’un concessionnaire BMW près de Cesena en solidarité avec Alfredo Cospito en grève de la faim et avec tous les prisonnier-e-s.

MORT À L’ÉTAT ET À TOUS LES EXPLOITEURS !

Traduit d’ IlRovescio

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Serres, Grèce : revendication de l’attaque de la maison du président de la branche locale de Nouvelle Démocratie, Kabouris Theodoros.

Mercredi, à l’aube, nous avons attaqué le portail de la maison de Kabouris Theodoros, président de la branche locale de Nouvelle Démocratie. Des inscriptions ont été laissées et de l’huile de moteur a été jetée sur le portail et sur les voitures des autres résidents. L’événement a été rapporté par les médias locaux. Nous avons eu l’honneur de recevoir des commentaires du KKE et du siège local de SYRIZA. Cet acte de notre part est dédié à Thanos Chatziangelou. Tiens bon compagnon, corps et âme dans le combat. Force à l’archer Dimitris Hatzivassiliadis, à Alfredo Cospito et à tous les compagnons emprisonnés dans le monde. N’oublions pas le comportement des merdes en uniforme envers Thanos. Tout continue, pas un pas en arrière.

Rêveurs du chaos

traduit d‘inferno urbano

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